« Trialogues »

– Félix Guattari – Danielle Sivadon – Jean-Claude Polack

Cette publication à venir reprend la transcription des échanges entre Félix Guattari, Danielle Sivadon et Jean Claude Polack, 1990-1992, période intense de réflexion clinique et critique. En effet, en juin 1991 parait « L’intime Utopie » de JCP et DS et en février 1992 Chaosmose de FG. Les trialogues apparaissent alors comme un laboratoire, un champ d’expérimentation à trois.

Chacun, à tour de rôle, y expose son travail avec un patient. Ces trialogues témoignent de leur engagement vis à vis des patients, et de leur souci de transmettre, au plus près de ce qu’ils perçoivent comme leur singularité, leur décalage par rapport à la pratique d’une psychanalyse orthodoxe.

Félix :

c’est comme si vous aviez besoin d’amener vos propres affects, vos propres représentations, souvenirs /et fantasmes pour pouvoir constituer un texte de référence commun, une langue commune avec le patient… c’est sûr / que si vous n’amenez pas quelque chose, le patient, /à lui tout seul, ça ne donne rien… Mais au lieu d’amener simplement quelque chose d’ordre/ cognitif – l’interprétation – ou affectif de l’ordre / du transfert, vous amenez des dimensions proprement existentielles,/ c’est à dire des univers de référence singuliers, singularisants, / de toutes sortes. Ce qui fait qu’il y a une ambiance, un style à chaque fois spécifiques avec chaque patient./

DS : « on pourrait parler d’une langue mineure ? »

Félix : « oui, ce serait pousser à l’extrême le concept de langue mineure qui n’appartiendrait plus à une ethnie ou une catégorie sociale mais qui serait une façon de forger une langue idiosyncrasique spécifique ».

L’idée au bout du compte n’est pas de persuader ni de séduire mais de faire le constat à deux qu’il y a bien processus, qu’il se passe quelque chose, qu’il y a bien cartographie*, production de subjectivité.

Les 4 épisodes des « Trialogues » présentés ici, ont été filmés au début de l’année 2021. Jean-Claude Polack, Annick Kouba et Paul Bretécher, répondent aux questions de François Marcelly et François Pain, à propos de leur travail d’écriture.