TRANSVERSALITÉS, CHAOSMOSES ET CUISINES

La relecture du troisième chapitre de « Chaosmose » illustre bien l’attrait et la difficulté de la pensée de Félix Guattari pour ceux qui sont engagés dans des pratiques de soins auprès de personnes psychotiques, « border-line », ou dont l’altérité « chaosmique » dérange les conventions en vigueur. Attirance, car on sait que ses métamodélisations sont directement liées à une pragmatique dans différents champs : la clinique de La Borde bien sûr, mais aussi les groupes politiques, les réseaux multiples dont il était partie prenante (le mouvement de psychothérapie institutionnelle, le réseau d’alternative à la psychiatrie, le CERFI, l’écologie), sans oublier son travail avec ceux qu’il accueillait dans son cabinet. Il nous propose donc très délibérément une pensée performative, au sens où ce qu’il avance correspond à un mode d’intervention. L’analyse et l’interprétation ne sont pas chez lui le décryptage d’une situation qu’il faudrait comprendre mais une sorte de méthode réfléchie d’y produire des effets, c’est-à dire des mouvements subjectifs vivants et créatifs. En fait Félix Guattari restera guidé par un impératif qu’il annonçait déjà trente ans plus tôt : « qu’est-ce qu’il faut faire quand on est coincé dans n’importe quelle situation ? »i En témoigne l’arrimage des concepts aux exemples concrets qui tissent son propos dans ce chapitre 3 : la cuisine de la clinique de La Borde et les conditions multidimensionnelles requises pour qu’y adviennent des soins ; la relecture d’un passage célèbre de Freud commenté par Lacan (l’enfant et la bobine) où il nous fait entrer dans l’espace où la scène se déroule afin d’en apprécier les enjeux ; ou encore sa mention des recherches de D. Stern comme manière d’envisager autrement le développement du tout petit enfant et ses modes de subjectivation qui s’exprimeront, au gré des circonstances, tout au long de la vie. Il nous livre ainsi une part de sa boite à outils c’est à dire une manière de penser les actions prises dans des processus qui conditionnent l’ouverture au monde ou la clôture sur soi, ou d’insister sur les rythmes, les flux, les détails, les coupures, qui modules les formes d’existences.

Mais cette rigueur foisonnante a sa contrepartie. La densité conceptuelle, émaillée de néologismes, qui puise ses sources aussi bien dans la littérature, la psychanalyse, la linguistique, la politique, l’anthropologie, la psychopathologie, l’histoire ou la philosophie, donne au texte une aspérité qui parfois désarçonne le lecteur. Il a l’impression de se heurter à des blocs de pensées qui défient toute appropriation immédiate. La traversée virtuose des champs de connaissance suscite l’inquiétude d’en rester aux formules lumineuses dont le tranchant et la pertinence s’imposent («Le monde psychique le plus autistique n’est pas en lui-même carant en matière d’altérité »)ii tout en se cassant les dents sur des concepts plus obscurs et plus intimidants pour qui n’est pas philosophe. L’occasion de ces soirées de lectures collectives m’a de nouveau confronté à cette incertitude, expérience stimulante et somme toute exigeante.

La première référence qui oriente l’entrée dans ce troisième chapitre est manifestement la confrontation avec la psychose. Car d’une certaine manière, fidèle à une postérité freudienne, Félix Guattari, comme ses compagnons du mouvement de psychothérapie institutionnelle (Tosquelles, Oury…), considère que c’est l’expérience de la pathologie, le contact et les échanges avec des personnes en souffrance qui permettent de s’interroger sur le fonctionnement psychique de tout un chacun. Freud avait pris le problème sous l’angle de la névrose. La psychothérapie institutionnelle l’appréhende à partir de la psychose. Car la question posée en général est la suivante : qu’est-ce qui permet à une personne psychotique d’évoluer parmi ou avec les autres, d’éviter les zones de catastrophe (« le vécu de fin du monde »iii), qu’est-ce qui lui permet de se mobiliser, de trouver des médiations rassurantes ou de recourir à des formes d’expression qui la sortent de ses retranchements ou la protègent de ses persécutions ? Ce sont des questions très concrètes mais dont les réponses ne vont évidemment pas de soi. La psychothérapie institutionnelle a inauguré ce chantier et, depuis plus de cinquante ans, ne cesse de s’y atteler. Ces questions restent très actuelles voire même intempestives. Elles le sont d’autant plus qu’elles s’affirment tout à la fois comme cliniques et politiques. Or aujourd’hui, alors que les pratiques soignantes sont mises à mal par l’omniprésence du politique (loi HPST, lois sécuritaires), cette influence indiscutable est niée par ses principaux responsables. Quant aux recherches cliniques, certains lobbys, avec l’aval de la Haute Autorité de la Santé, voudraient les cantonner à la vulgate promue par un néo-positivisme ignorant l’inconscient, le transfert, et les contextes ou les ambiances où se manifeste la folie. Autant dire que dans ce cadre l’apport de Félix Guattari, 20 ans après sa mort mérite une attention toute particulière.

Quand on relit les textes importants du mouvement de psychothérapie institutionnelle, on peut constater que, si le nom de Félix Guattari est régulièrement cité, sa contribution est principalement retenue à deux titres : ses analyses des groupes sujets et groupes assujettis, et l’invention du concept de « transversalité ». On sait que, très tôt, la psychothérapie institutionnelle s’est penchée sur le fonctionnement des groupes au sein des institutions. En effet, la modification profonde de l’asile a eu pour présupposé la mise en place, au sein de l’institution, de multiples ateliers d’expression ou de gestion du quotidien, co-animés par des soignants et des soignés, prenant même parfois la forme juridique de l’association (les clubs). Leur trame servait alors de matrice aux dynamiques d’échange et posait les jalons d’une libre circulation des uns et des autres à l’intérieur ou à l’extérieur des lieux de soins. Chaque groupe, distinctivement d’un autres avait ses buts, ses règles propres et ses articulations à l’ensemble, dans un écheveau constamment retissé. Cette institutionnalisation d’ateliers en tous genres, répond alors, a un double objectif : 1° offrir des surfaces de projection hétérogènes, adéquates au transfert dissocié de la psychose et qui étayent sa manifestation. 2° construire un cadre propice à l’implication et l’initiative personnelle des soignants, en les délivrant aussi des contraintes hiérarchiques qui dans l’ancien asile définissaient étroitement leurs rôles et leurs fonctions (surveiller, contrôler, contenir). Bien évidemment, ce qui s’expérimente, c’est à dire cette interférence constante entre action institutionnelle et modification subjective sera théorisé : analyse critique des facteurs de chronicité, mise en lumière des phénomènes d’ambiance pathoplastiques ou curatifs, exploration de ce qu’on repère comme transfert dans l’institution, études approfondies de la double aliénation sociale et psychopathologique qui scelle d’ordinaire le destin de la folie. Mais dans le grand foisonnement d’idées des années 60, le structuralisme a le vent en poupe. Un grand nombre de psychanalystes, inspirés par Lacan vont suivre cette orientation. La tripartition structurale, psychose, névrose et perversion, s’impose comme grille de lecture clinique. L’anthropologie structurale de Lévi-Strauss semble offrir des outils à la compréhension des modalités d’échange qui régissent les sociétés fermées et donc pourquoi pas les groupes et les institutions. La linguistique Saussurienne sert de modèle aux décryptages sémiotiques qui commencent à proliférer. Au sein du mouvement de psychothérapie institutionnelle, cette influence va infléchir les théorisations, comme en témoignent la thèse de C. Ponciniv ou le livre de F. Tosquellesv « Structure et rééducation thérapeutique ». C’est dans ce contexte que Felix Guattari va prendre position car à ses yeux la lecture structuraliste n’explique ni ne donne les ressorts du changement dans les institutions ou les groupes politiques, ni ne rend compte de la créativité des acteurs, soignants et soignés ou militants, qui y concourent. Bien que très attentif au travail de Lacan, il suit donc d’autres pistes. Pour lui, insister sur les structures c’est, en effet, privilégier la synchronie, la stabilité, et inévitablement, une certaine idée de la normalité, si la pathologie, par exemple, est assimilée à l’explosion d’un cristal fragilisé par une ligne de fêlure imperceptible mais pré-déterminée. Or la question est plutôt à ses yeux, et cela en proximité avec J. Oury : comment décoincer les normopathes engoncés dans leurs habitudes et leurs convictions aussi rigides et répétitives que les stéréotypies des psychotiques. Sa réflexion sur les groupes avec sa théorisation de la transversalité s’inscrit dans ce contexte. Son objectif : définir les conditions permettant à un groupe de n’être plus assujetti aux lois qu’il reçoit de l’extérieur, en se montrant capable d’innover, d’assumer un fonctionnement où l’humour et la libre parole soit de mise. Quelles sont les interventions à même de produire des bifurcations dans les routines instaurées, et de faire surgir l’inattendu « comme le chamelier d’Helzapoppin qui s’était trompé de bande »vi. Que faut-il mettre en jeu pour qu’une personne psychotique trouve une place au sein de ces groupes, une manière de s’y tenir, une capacité d’action et un désir d’initiative ? On connaît sa réponse : il faut pour cela faire sauter les deux verrous que sont le trop structuré ou l’amorphe. Car, à ses yeux, deux écueils majeurs y font obstacle : la verticalité des organigrammes imposant leur découpe pyramidale aux marges d’inventivité des uns et des autres, et l’horizontalité des relations « c’est à dire un certain état de fait où les choses et les gens s’arrangent comme ils peuvent de la situation dans laquelle ils se trouvent »vii. D’où la nécessité d’imaginer un autre type d’organisation des groupes et d’autres façons de communiquer ou de se cotoyer dotés d’un coefficient maximum de ce qu’il appellera la « transversalité ». Celle-ci implique qu’au sein des groupes soient prises en compte les productions conscientes et inconscientes de ses participants, et que le groupe soit capable de remaniements permanents voire même de se dissoudre s’il tourne à vide, ou n’a plus pour seule fonction que de défendre ses frontières ou préserver son entre-soi. A ces conditions peut émerger un groupe sujet, réceptif à ses altérités externes et internes, conscientes ou inconscientes, et dont la saisie et l’effet de dissonance enrichissent le fonctionnement.

Le mot « transversalité » a connu le succès que l’on sait. Il est passé dans le vocabulaire commun. On en fait désormais une sorte de principe de « bonne communication » au sein des entreprises ou des administrations. Mais en se popularisant, repris par les DRH et les médias, il a perdu sa force intempestive. Toute référence à des processus inconscients a disparu, ainsi que l’idée de finitude et de remaniements constants. On oublie sa fonction opératoire et de critique des hiérarchies en place. La transversalité est versée au compte de la pérennisation des structures et de l’assouplissement de leurs rouages. Cet usage dévoyé, très loin des intentions de son auteur, explique peut-être que, pour certains représentants de la PTIviii, ce n’est même plus un concept majeur. Ainsi, Pierre Delionix, dans son livre très clair et didactique intitulé « Soigner la personne psychotique » et dont le sous-titre est « Concepts, pratiques et perspectives de la psychothérapie institutionnelle » ne mentionne-t-il « la transversalité » que par une note en bas de page. Il ne le retient pas dans son index récapitulatif, en fin d’ouvrage, alors qu’y sont très normalement cités des termes comme « collectif », « tablature institutionnelle », ou « transfert multi référentiel ». Un des concepts clé de Félix Guattari, et qui lui est indissociablement lié, dans la mesure où il a été forgé bien avant son travail avec Gilles Deleuze, semble donc mis un peu à l’arrière-plan par les praticiens de la PTI, alors qu’il avait désigné, dès les années 60, un des pivots du changement.

Alors que dire des concepts en pagaille qui essaiment dans le troisième chapitre de «Chaosmose» ? Pour la plupart d’entre eux, ils n’ont pas connu le succès de la «Transversalité». Pourtant, à s’y attarder, ils prolongent, infléchissent et précisent ce qui était déjà en germe quelques trente ans plus tôt. Ils indiquent le chemin parcouru dans le dialogue et la réflexion menés avec Deleuze. On y perçoit les points de controverse qui auraient pu donner lieu à de riches débats avec ses vieux amis de la PTI, mouvement dont il n’a cessé de se revendiquer tout en gardant une posture exigeante et critique. On en trouve trace dans les textes consacrés à la psychiatrie dans le recueil « Les années d’hiver »x, ou encore dans le chapitre où il résume son parcours dans «De Léros à la Borde»xi publié récemment. On y repère aussi quelles sont ses divergences à partir d’un socle commun. Je n’en reprendrai, très superficiellement, que deux points.

Première divergence, l’insatisfaction clinique. On sait que les recherches cliniques de F. Tosquelles et J. Oury, par exemple, puisent largement dans une double tradition : les investigations compréhensives de la psychose par le courant phénoménologique, dont le dialogue entre J. Oury et H. Maldiney à propos de la création et la schizopréniexii, est un très bel exemple, et les apports théoriques de la psychanalyse, principalement Lacanienne (Tosquelles arrive à Saint Alban, avec la thèse de Lacan dans ses bagages, en 1940 !). A la croisée des deux, ils sont également sensibles à des travaux originaux comme ceux de Szondi ou encore de G. Pankov, dont les conceptualisations sur la «structuration dynamique de l’image du corps» et les «greffes de transfert» avec des patients psychotiques, offrent un autre éclairage sur ce qui est en jeu dans les cures. Mais si F. Guattari partage cette culture commune, dont il reconnaît la fécondité, il ne s’en satisfait pas. On en trouve trace dans le chapitre 3 de « Chaosmose » : «Relevons au passage un curieux chassé-croisé entre la psychanalyse et la phénoménologie : alors que la première a manqué pour l’essentiel, l’altérité psychotique (du fait, en particulier, de ses conceptions réïfiantes en matière d’identification et de son incapacité à penser les devenirs intensifs), la seconde, bien qu’ayant produit les meilleures descriptions de la psychose, n’a pas su mettre à jour à travers elle, le rôle fondateur de la modélisation narrative, support de l’incontournable fonction existentielle de la ritournelle-fantasmatique-mythique-romanesque…xiii(p93). Et son propos, annoncé par exemple dans « Les 4 vérités de la psychiatrie »* (programme déjà cité dans Chimères par G. Trastour et JC. Polack) est bien de repenser cet abord clinique, sans nier les apports du passé, en ouvrant un nouveau chantier. Rappelons, pour mémoire ce programme : « 1° La transformation des équipements lourds existants, 2° le soutien des expériences alternatives, 3° la sensibilisation et la mobilisation sur ces thèmes des partenaires sociaux les plus divers, 4° le développement de méthodes renouvelées d’analyse de la subjectivité inconsciente, tant au niveau individuel que collectif ». Or cette 4° proposition est pour lui essentielle et il ne cessera de la marteler lors de ses confrontations, parfois vivement polémiques, avec le mouvement italien de « Psichiatria Democratica » qui en aurait fait l’impasse, ne considérant que les trois autres. Autrement dit, pour lui, on ne peut appréhender les processus psychotiques sans prendre en compte les agencements collectifs d’énonciation au sein desquels ils se manifestent (famille, institution, cabinet, groupe social), et cette compréhension a forcément des incidences, conscientes ou non sur le contexte de cette appréhension. Autant le savoir et c’est l’objet de ses métamodélisations.

Par ailleurs, contrairement à certaines tendances de ce que l’on a nommé l’anti-psychiatrie, sa conception de la psychose, «incarnation machinique abstraite de l’altérité à son point extrême de précarité»,xiv n’exclut pas l’examen des facteurs biologiques, chimiques (les drogues) ou pharmacologiques qui contribuent à accentuer ou tempérer le délire ou l’angoisse. Or, si les récits de cures analytiques des psychoses en font rarement mention, il ne veut pas faire l’impasse sur l’effet de ces molécules dont l’usage est associé à des valeurs, donne lieu à des rituels, est pris dans des transferts, génère des profits en même temps qu’il modifie les humeurs ? Objet institutionnel, le médicament est aussi, pour lui, une composante d’un « agencement collectif d’énonciation » ni plus central, ni moins important que tout autre, mais qu’on ne peut ignorer.

Enfin, insatisfait des descriptions de la psychose léguées par la psychopathologie il n’en reste pas moins, comme ses amis de la PTI, un lecteur des « classiques ». Mais cette lecture est évidemment peu ordinaire et réserve des conclusions surprenantes. Ainsi, avec G. Deleuze, dans Mille Plateaux, par exemple, à partir de la différenciation sémiologique des grands aliénistes français entre délires paranoïaques interprétatifs et délires passionnels, ils interrogent les conséquences pratiques de ce type de savoir. En suivant fidèlement les tableaux qui distinguent ces délires, leurs modes d’apparition et leurs types de développement, repérage associé au savoir ambigu du psychiatre, ils démontrent avec ironie l’intérêt de cette distinction et l’aporie de ses conséquences. Car si l’on ne peut nier que les aliénistes aient perçu là des formes de pathologie caractérisant certaines errances subjectives où raison, passion et folie s’entremêlent, la logique de cette distinction conduit à de curieuses indéterminations : pour le psychiatre d’abord «soupçonné de prendre pour fous ceux qui ne le sont pas et de ne pas voir ceux qui le sont», et pour tout un chacun confronté à cette «double image que la psychiatrie nous révèle ainsi, tantôt avoir l’air fou sans l’être, tantôt l’être sans en avoir l’air».xv Or sans nier la pertinence du constat, c’est bien de ce type d’apories qu’il convient de se déprendre.

Deuxième point de controverse : comprendre l’articulation entre aliénation psychique et aliénation sociale à savoir ce qui relie clinique et politique. Le projet de la PTI se déploie, en effet sur ces deux plans ou bien, selon la formule convenue, avec « une jambe marxiste et une jambe psychanalytique ». Mais comment croiser ces deux approches ? L’intervention résulte-t-elle de deux modes d’interprétation successives, l’une concernant le collectif, et l’autre l’individuel ? Doit-on, par exemple, agir d’abord sur l’institution, afin de réaliser cette asepsie préalable à laquelle invite Tosquelles, qui permet d’entreprendre les soins dans un cadre enfin approprié ? C’est sans doute indispensable, mais dans ce cas qui en sera promoteur ? Et comment s’y prendre si l’on souhaite que les soignants et les soignés se défassent des identifications imaginaires qui les font adhérer à des rôle préconçus ou se figer dans des fonctions sédimentées par l’histoire ? Cela ressort-il au traitement politique de l’aliénation sociale ou bien doit-on admettre que les résistances au changement, de quelque ordre qu’elles soient, sont indissociablement le symptôme d’une forme d’aliénation psychique ? Enfin, si toute subjectivité est constituée d’une part d’altérité en soi, le mot aliénation est-il le plus adéquat pour décrire ce qui est en question ? Sous réserve, il me semble que si le terme aliénation est encore très présent dans les textes de « Psychanalyse et Transversalité », il n’est plus par la suite, après le travail commun avec G. Deleuze, un concept de référence. F. Guattari s’est forgé d’autres outils, plus soucieux de l’hétérogénèse de la subjectivité, et le débat n’aura pas lieu. Après la publication de l’Anti-Œdipe, il restera alors un des acteurs majeurs sur les scènes, en Europe et ailleurs, où l’on débat des alternatives aux soins psychiatriques, mais sa pensée aura du mal à pénétrer dans les institutions. Bref, la notion de schizoanalyse aura peu de repreneurs.xvi

Il faut dire, comme je l’ai signalé au début, que ses outils ne sont pas, de prime abord, d’un maniement commode. A titre d’exemple, je m’arrêterai sur le schéma des «4 foncteurs ontologiques» autour duquel se développe le 3° chapitre de « Chaosmose ». Il s’agit d’un diagramme à 4 termes qu’il a longtemps travaillé (cf le séminaire de 1984 sur les «Schizoanalyses»)xvii et qu’il présente comme le moyen d’effectuer une «cartographie pragmatique» des «foyers énonciatifs virtuels, englués dans l’expression manifeste». Quatre concepts, «les Phylum machiniques», les «Flux matériels et signalétiques», les «Univers incorporels» et les « Territoires existentiels tracent les coordonnées à partir desquelles il saisit ce qui émerge, ce qui fait événement, ce qui vit, s’affirme, insiste ou disparaît dans «un trou noir». Deux de ces concepts indiquent des composantes discursives actualisées (les «Flux» et les « Phylum machiniques ») c’est à dire ce qui a trait à l’expression, deux à des composantes virtuelles non discursives (les Univers incorporels et les «Territoires existentiels») qui ressortissent au contenu de l’énonciation. Pour qui n’est pas familier du lexique de F. Guattari, le mot énonciation peut prêter à équivoque. Car la méta modélisation proposée ici ne porte pas uniquement, loin de là, sur ce que véhicule la parole. L’énonciation dont il est question relève d’une sémiotique élargie plutôt que linguistique. On sait qu’à la suite de Saussure, l’opposition énoncé/ énonciation a souvent été assimilée à la césure parole/ langue, comme si l’essentiel des échanges et communications pouvaient être décryptées selon ce schéma. La psychanalyse, dans sa version structuraliste a largement privilégié cette opposition. Toute expression symptomatique est alors assimilée à un fait de langage inscrit dans un système dont il convient de connaître le code et les règles de composition de ses éléments. Or, à la même époque, de nombreuses recherches, dans le champ de la sémiotique, ont démontré le caractère restrictif de cette formalisation. Elles mettent en évidence, entre autre : 1° que les matériaux vecteurs d’énonciation sont aussi bien visuels, musicaux, gestuels, machiniques, olfactifs que phonétiques ou textuels ; 2° qu’il n’y a de signification que contextualisée, ce qui suppose de considérer tous les paramètres non langagiers impliqués lors d’un dialogue, par exemple ; 3° Mais surtout, que les enjeux de l’énonciation ne sont pas forcément ou principalement la transmission d’informations dont on cherche la signification, mais tout autant, d’imposer un pouvoir, d’exprimer une souffrance, de susciter un trouble, d’établir une jonction, de tracer des frontières, de frayer des chemins, de poursuivre un mouvement, de résister au chaos. F. Guattari et G. Deleuze vont prendre ce chantier à bras le corps. En exemple princeps, on peut citer les deux chapitres de « Mille Plateaux », « Postulats de la linguistique » et « Sur quelques régimes de signes » qui passent au crible tous les présupposés des sémiologies. Mais presque tous les textes de F. Guattari montrent son appétence pour ce qui, chez les sémioticiens, peut nourrir son inspiration. Cette intuition s’est d’ailleurs trouvée validée plus récemment, par l’intérêt accordé à Peirce, à la suite des travaux de M. Balat,xviii dans le mouvement de la PTI.

Le diagramme des foncteurs ontologiques, est évidemment forgé à partir des travaux de Hjemslev dont il récupère certains concepts (la notion de « fonction sémiotique « liant « plan d’expression » et « plan de contenu », et la distinction dans chacun de ces plans de ce qui est substance ou forme). Hjemslev intéresse F. Guattari car il a contribué à élargir la compréhension des systèmes sémiotiques en intégrant dans l’analyse des signes et de la signification, des matériaux qui, jusque là, n’étaient pas considérés comme composants du langage (gestes, dessins, icones, signaux, sons) Mais Hjemslev est encore structuraliste et F. Guattari ne l’est pas. A quoi il faut ajouter que son souci de l’action lui permet, par un détournement supplémentaire, puisant dans les avancées de la linguistique pragmatique, de complexifier le schéma initial en y introduisant des éléments non discursifs, intensifs, a signifiants. Reste l’idée de « foncteur », c’est à dire d’opération qui lie nécessairement chacun des pôles cités, qu’ils soient rattachés au contenu ou bien à l’expression. Mais cette opération, si elle est postulée, ne se traduit jamais en règle générale. Car les « foncteurs » sont des « opérateurs partiels des agencements ». D’autre part, les agencements d’énonciation ne relèvent pas d’un système car ils sont ouverts, « chaotiquement déterminés, la concaténation des quatre foncteurs ontologiques d’Univers, de Phylum machinique, de Flux et de Territoire, préservant leur processualité pragmatique ».xix Enfin, je crois comprendre que ce diagramme, à partir de ce qui est subsumé par chacun des foncteurs est toujours provisoire, lié à la découpe singulière de celui qui s’en sert. Il indique un point de vue, l’état d’une situation et, par voie de conséquence, un plan d’intervention (agir sur telle ou telle composante de l’agencement).

Alors concrètement, pour un lecteur actuel, à quoi sert ce diagramme dont chacun des foncteurs mériterait un long commentaire, puisqu’il condense une somme de réflexion ? Le concept de « Machine », par exemple, a suscité bien des gloses et n’est pas d’un maniement si facile. Il en va de même pour les « Univers Incorporels », les « territoires existentiels », ou les « Flux ». Je me contenterai donc d’une approche par approximation, porté par ce que suggèrent les concepts dont je ne saurais revendiquer une parfaite maitrise. Influencé par la description de la cuisine de la clinique de La Borde, je proposerai le champ d’application suivant : ce qui se passe dans une entreprise d’insertion dédiée à des personnes « psychotiques ou apparentées », soucieuses de reprendre une activité, voire de retrouver un emploi. Je fais ici allusion à une pratique qui m’a occupé pendant presque 20 ans, et qui a pris fin brutalement, en Mars 2011. J’en avais rendu compte dans « Chimères ».xxJe présenterai donc très succintement ce qui faisait l’originalité de cette expérience. Il s’agissait d’un restaurant, implanté dans le théâtre d’une petite ville de banlieue, ouvert à tous les publics, et où travaillaient ensemble des professionnels de la restauration, des soignants mis à disposition par un hôpital et des employés en insertion orientés vers cet espace original par les secteurs de psychiatrie de l’est de l’Essonne où ils poursuivaient des soins. Le restaurant était géré par une association composite, où se retrouvaient tous les ans en assemblée générale, des soignants, des patients, des politiques, des travailleurs sociaux, un promoteur de coopérative, des financiers, ou de simples sympathisants, relais indispensables d’un réseau de soutien. Sur le plan financier, il répondait aux principes ordinaires de l’économie solidaire. Il lui fallait donc pour maintenir les comptes en équilibre, empiler les ressources commerciales, les subventions publiques, les dons et le concours des bénévoles. Bref une telle entreprise se caractérisait par l’hétérogénéité de ses acteurs, de ses buts et de ses moyens. Même aux meilleurs moments, ce ne pouvait être qu’une aventure précaire et chaotique. Je l’ai souvent comparée à un orchestre de Jazz où, selon les concerts, à partir d’une trame commune, les improvisations éblouissent ou déçoivent. Or qu’est ce qui fait marcher une telle initiative, lui permet de résister à l’érosion, en gardant des virtualités créatives ?

1°Phylum machinique : un restaurant, du plus loin qu’on s’en souvienne, ne marche pas sans machines. Il suffit de rentrer dans une cuisine pour le constater. Elles s’imposent au regard, mais qui n’en est pas familier aurait tendance à l’oublier. On y voit donc des gamelles, des fours aux fonctions multiples, des pianos et des mandolines, des salamandres, des instruments à fabriquer du froid, des armoires de stockage, des trancheurs et des mixeurs, des tables de préparation. Des chiffres s’affichent sur des écrans, des voyants clignotent, des bip-bip se font entendre, et les assiettes qui sortent du passe-plat ne croisent jamais les reliefs souillés. Les machines influent donc sur les pratiques. Tout béotien qui s’initie à la cuisine commence par en apprendre le maniement. Comment, par exemple, programmer un instrument quand on ne sait pas lire ? Ou encore que faire si une machine tombe en panne ? Demander conseil, ou regarder le mode d’emploi ? Et comme tout marche à l’électricité, qu’imaginer en cas de coupure de courant, alors que les clients vont arriver dans une heure ? Autrefois, les cuisines acceptaient des matériaux en bois, comme les billots des bouchers. Aujourd’hui c’est exclu. Le bois est un nid à microbes. Et puis les machines sont dangereuses, elles brûlent ou coupent très facilement. Alors que leur matérialité est évidente, elles déterminent des normes, imposent des gestes ou des postures, et répondent par ailleurs à des règles abstraites qui les inscrivent dans un Phylum : les mesures draconiennes d’hygiène, les consignes impérieuses de sécurité, les principes de l’ergonomie, la vitesse de l’électronique, les exigences du rendement. Et si, comme le disent les psychologues du travail, « on fait corps avec la machine », ce savoir-faire personnel est quand même tributaire de contraintes techniques, légales, économico-politiques abstraites autant que posturales, héritées d’une histoire. En témoigne l’existence d’autres machines moins visibles connectées aux premières : ordinateurs, outils comptables, caisse enregistreuse, coffre-fort, vestiaire, pharmacie, armoires où sont classés les fichiers des commandes, les recettes de cuisine, les flyers publicitaires ou les dossiers des personnes en insertion, le code du travail et quelques ouvrages de psychopathologie du travail et les emploi du temps des salariés. Tous ces objets sont des réceptacles à signes qui entrecroisent des codes (publicité/bilan financier) ou enregistrent des projets pas nécessairement compatibles (équilibre économique/équilibre des employés en insertion)…

2° Flux matériels et signalétiques : un tel restaurant est aussi traversé par des flux énergétiques et signalétiques (eau, électricité, déambulations en va et vient, informations par mails, courriers, coups de téléphone, bouche à oreille). A l’origine, c’était un projet improbable. Il avait très peu de chances de voir le jour. Il fallait donc de l’énergie pour le défendre, du désir pour qu’il se pérennise, libido constructiviste, forces convergentes ou divergentes de ses promoteurs, de ses alliés ou de ses adhérents. Cette opiniâtreté se traduisait en discours, s’effectuait en démarches réitérées, flux de paroles, stocks de rapports, dialogues interminables. Cette énergie à tonalité maniaque ou dépressive, liée aux scansions des machines, bridée par les impératifs des roulements, ou codée par les rhétoriques de la persuasion, suscitait des prises de têtes, engageait les corps (coups de chaud, coups de froid, transpiration), générait des angoisses, des envies de faire la fête ou bien de tout plaquer. Il fallait aussi compter avec des flux d’argent, aussitôt reportés sur les graphiques prévisionnels, et dont l’abondance ou la rareté n’était pas sans incidence sur le moral des troupes. Il y eut même des flux spectaculaires et incontrôlés : fuite de la pompe à bière qui inonda, le temps d’un week-end, les étages inférieurs du bâtiment, avant d’alerter l’opinion quand la bière s’écoula en ruisseau dans la rue.

3° Les univers incorporels : la cuisine a ses mythologies, celles des grands chefs charismatiques ou supposément géniaux, celle des bouchons Lyonnais ou des bistrots de quartier, celles des secrets de grand-mère ou celles rapportées des confins du bout du monde. Elle a ses obsessionnels de la mesure et ses fanatiques de l’expérimentation. Elle a ses héros et ses modes qui peuplent les imaginaires. Au départ nos partenaires du théâtre nous avaient passé la commande : « faites un restaurant comme celui que l’on fréquente, l’été, au moment du Festival, à Villeneuve Les Avignons. Parmi nous, personne n’a fait le déplacement pour voir, mais tout le monde en avait une idée précise qui poussait à l’invention. Les manières de manger suivent aussi des tendances, « tenir au corps » ou « rester mince » ou les deux à la fois, qui prêtent forcément à discussion. Enfin les goûts, les saveurs ouvrent à des univers esthétiques, culturels ou littéraires (la madeleine de Proust, la poule au pot d’Henri IV, la blanquette du commissaire Maigret), ou bien évoquent des territoires d’enfance ou des rêves d’évasion. D’autres univers incorporels influaient également sur les pratiques. A plusieurs reprises revient sous la plume de F. Guattari la mention du complexe de « 36 » qui hante les esprits : grèves massives, puissance des syndicats, gouvernement du front populaire et congés payés en prime. Ce qui veut dire qu’on ne travaille pas, je pense, sans être habité, presque pré-consciemment, par des pans de l’histoire sociale, avec allusion à la lutte des classes et aux avatars de la production. En l’occurrence, PTI oblige, j’aurais rêvé d’une coopérative, un peu mythique sans doute, puisque réinventée à partir de Tosquelles ou de quelques réminiscences de LIP. Mais mes plus proches complices, entrepreneurs et humanistes dans l’âme, beaucoup plus réalistes aussi, se voyaient mieux en « patrons de gauche », soucieux de leurs ouvriers et fiers de leur promotion. Enfin certains, malgré la modestie de l’affaire avaient des expectatives plus grandioses. Un jour, un jeune employé en insertion m’expliqua que notre restaurant devrait conquérir la planète et s’imposer d’être le premier maillon d’une future chaine mondiale, comme Mac Donald, à condition bien sûr de modifier les conditions de travail et le type de « produits » proposés à la clientèle. Au fond, chacun délirait un peu à sa manière avec ses univers de référence, mais le jeune employé, lui, était en prise avec le grand délire de l’air du temps. En simplifiant beaucoup, on peut risquer alors que les « Univers incorporels » sont, en quelque sorte, une vaste réserve de mythes, de fantasmes, parfois proches d’univers familiaux oedipiens (le patron paternel, la serveuse maternelle), parfois arrimés aux grandes légendes, fictions ou épopées qui racontent des histoires (Pantagruel ou bien la lutte des classes). Comme le note F. Guattari, le transfert sur le cuisinier peut prendre l’apparence d’un rapport au père qui serait non pas le papa familial mais « le Père Lustucru »xxi des rêveries enfantines. Ces figures soutiennent aussi les idéaux en fonction desquels, au sein d’une équipe, se développent des concurrences ou se nouent des solidarités.

4° Les « Territoires existentiels » : ce n’est pas pour rien que F. Guattari s’intéresse aux descriptions du développement précoce de l’enfant par D. Sternxxii, proto histoire de la construction des « Territoires du moi » qui s’affirment peu à peu, dans une interdépendance inextricable du « sens de soi et du sens de l’autre ». Car, ce que Stern met en lumière, en détaillant les modalités de perception, de relation, d’apparition de l’objet, de découverte du corps, d’accordage des affects, d’acquisition des signes, de délimitation de ce qui se partage ou non, depuis le « soi émergent » jusqu’au « soi verbal », sont autant de territorialités subjectives, potentiellement réactualisées tout au long de la vie. Ces formes de contact, de saisie des contours, de sensibilité aux ambiances, de rapprochement ou de prise de distance des objets, d’appropriation des codes, caractérisent la singularité de l’être là de chacun. Toujours présentes, dans le feuilletage de la personnalité, elles se révèlent, sous tel ou tel aspect prévalent, selon les circonstances, dans un espace donné. Dans le cas de l’entreprise d’insertion qui me sert d’exemple, où se croisaient psychose et production, on ne pouvait qu’y être attentifs. La cuisine sollicite tous les registres sensoriels : la vision, le toucher, l’olfaction, l’audition… Des odeurs y aiguisent l’appétit, d’autres sont écoeurantes. La manipulation des matières, découpées, hachées, malaxées, fait resurgir de vieilles réminiscences de contacts jouissifs ou répugnants. Les sympathies au premier regard, les connaissances intuitives, les compréhensions à demi-mot, une part de la « proxémique », les mimétismes ou les actions en synergie, les incompatibilités d’humeur, et sans doute également, ce qui se boucle en ritournelle, relèvent de ce registre. On l’évoque souvent par métaphores quand on dit, par exemple, de quelqu’un qu’il est boulimique à la tâche, ou anorexique de mots. L’ambiance d’un collectif dépend aussi de toutes ces interactions auxquelles les schémas officiels de l’organisation du travail ne prêtent généralement pas beaucoup d’attention.

Isoler comme je l’ai fait chacun des 4 foncteurs est sans doute un artifice réducteur, lié d’abord au souci de m’en donner une représentation opératoire. Mais il va de soi que chacun de ces termes, comme l’indique la notion de « foncteur », n’a de sens que par sa relation avec les autres. Ils indiquent des foyers de tension, des attracteurs qui modulent les pratiques et influent sur les modes de subjectivation. Un exemple : dans la cuisine, dont on attend que s’y fabriquent des plats savoureux, la sécurité est plus qu’une obligation légale, en prévention des accidents du travail. Le respect de ses règles doit aussi garantir une sécurité subjective. C’est une affaire de machines et d’instruments, mais aussi d’organisation de l’espace, de distribution des tâches, d’apprentissage des codes, d’acquisition de dextérité et surtout de qualité d’ambiance. Mais les flux qui emballent la vitesse des gestes, les tensions qui règnent au moment des coups de feu, les habitudes des corps, les discordances des rythmes, les angoisses de rater, les mirages de la performance, les dictats du rendement, les inhibitions de l’action sous contrainte, les délires de grandeur, les horreurs du déchet, sont autant de facteurs de chaos. Comment faire, dans une telle situation, pour que ce chaos ne tourne pas à la cacophonie, et que chacun puisse jouer dans son registre, sans risque de sombrer, d’exploser ou d’écraser les autres, ou de plonger dans un trou noir ? Ce que propose F. Guattari est alors d’apprendre, selon les circonstances, à tempérer au mieux le clavier des « foncteurs » : activer autrement les machines, modifier la découpe des flux, débusquer les figures ignorées des univers incorporels, aménager les territoires existentiels. Bien que peu usitée par les praticiens, cette approche pourrait, aujourd’hui encore, leur donner des idées et des angles d’action.

i Psychanalyse et transversalité »p49

ii Chaosmose p101

iii Tosquelles F 1986.  : « Le vécu de fin du monde dans la folie » Ed de L’AREFPPI.

iv Poncin C. (1962) « Essai d’analyse structurale appliquée à la psychothérapie institutionnelle »

v Tosquelles F. 1970 »Structure et rééducation thérapeutique » ED Universitaires

vi Guattari F.1972 « Psychanalyse et transversalité »Maspero.

vii Guattari F. 1972 « Psychanalyse et transversalité » p79

viii PTI : Psychothérapie institutionnelle.

ix Delion P. 2005 « Soigner la personne psychotique » Dunod

x Guattari F. 2009 « Les années d’hiver ». Les prairies ordinaires

xi GuattariF 2012 « De Leros à La Borde » Lignes P 59-88

xii Oury J.1989 « Création et schizophrénie » Galilée

xiii « Chaosmose » p93

xiv « Chaosmose, p 93

xv Deleuze, Guattari, 1980 Mille Plateaux, Minuit, P 150-151

xvi Sauf, sans doute, JC Polack et D Sivadon, 1991 « L’intime Utopie » PUF ou dans le champ des thérapies familiales Mony El Kaïm , Synapse, 1990 N°69

xvii Guattari F 2003 «Les Schizoanalyses » Chimères N°50

xviii Balat M. 1991 « Sémiotique, transfert et coma », in Chimères N° 12

xix « Chaosmose » p 87

xx Bretécher P. 2001 « Un travail fou », Chimères N° 42

xxi Chaosmose, p 100

xxii Chaosmose, p 94-99