Climatologie et politique : le monde ou la Terre sont-ils en danger ?

 

Résumé.

Pour comprendre le changement climatique, il faut d’abord comprendre ce que signifie le mot « climat ».

Le climat est un système complexe dont les composantes sont l’atmosphère, les océans, la masse continentale et les régions couvertes de glace et de neige, qui sont appelées ensemble la cryosphère.

Chaque composante est caractérisée par des « variables d’état », par exemple la température atmosphérique, la salinité de la mer, l’humidité des terres, l’épaisseur de la couverture neigeuse, etc.

Le changement climatique se produit lorsqu’une perturbation – appelée « forçage » dans le jargon technique – génère un flux qui modifie les variables d’état.

Plus précisément, le changement climatique est défini comme toute altération, qui se développe sur une durée d’au moins dix ans, des flux ou des variables physiques, chimiques, biologiques qui sont caractéristiques du système. L’échelle de temps des décennies est utilisée pour distinguer les changements climatiques des événements météorologiques à court terme.

Il va sans dire que le climat évolue en permanence depuis des milliards d’années ; par conséquent, le terme « changement climatique » est dans une certaine mesure redondant.

Il suffit de se rappeler que la température en Égypte, à l’époque de la construction de la pyramide de Gizeh, était supérieure de huit degrés centigrades à la température actuelle ; ou que les glaciers avaient disparu lorsque, pendant la guerre d’Hannibal, les Carthaginois et leurs éléphants traversèrent facilement les Alpes ; ou qu’à la fin du Moyen Âge, dans toute l’Europe, il y eut un refroidissement suivi, des siècles plus tard, au début du XIXe siècle, d’un nouveau réchauffement qui se poursuit encore.

Le risque climatique.

L’activité anthropique contribue au changement climatique, ainsi que l’activité d’autres animaux et la vie en général ; mais les facteurs de « forçage » pertinents sont les facteurs internes, tels que les courants océaniques et atmosphériques, ainsi que les facteurs externes, c’est-à-dire l’intensité du rayonnement solaire, les éruptions volcaniques et le rayonnement provenant de l’espace lointain.

Cependant, il est devenu habituel dans les médias et dans le débat politique que le « changement climatique » se réfère à la variation due uniquement à l’activité humaine.

Le débat public sur le changement climatique s’est concentré sur une seule mesure : la température moyenne de la surface de la terre en fonction de la quantité de dioxyde de carbone libérée dans l’atmosphère par l’activité humaine. Cette restriction a été évidente lors de la Conférence de Paris sur le climat organisée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) : les négociations se sont en effet déroulées autour d’une augmentation globale d’un demi-degré centigrade : 1,5 ºC ou 2 ºC, d’ici 2100.

Mais réduire le changement climatique à la relation entre l’effet de serre dû au dioxyde de carbone et l’augmentation de la température moyenne de la surface terrestre est une simplification qui finit par occulter la diversité de l’influence de l’homme sur le climat et les conséquences mêmes de la variabilité naturelle à long terme.

En effet, personne n’est en mesure de ressentir l’effet d’une augmentation d’un demi-degré centigrade de la température moyenne de la Terre d’ici la fin du siècle.

Comme l’écrit Gordon Bonan du National Center for Atmospheric Research, une modification de la superficie forestière d’une région donnée affecte le climat local plus de deux fois plus que la pollution atmosphérique causée par le dioxyde de carbone.

En outre, si l’on examine la littérature sur le sujet sans préjugés idéologiques, il apparaît clairement que les changements dans l’utilisation ou l’entretien des terres d’origine anthropique – notamment en raison de l’expansion et de l’intensification de l’activité agricole – ont eu un impact majeur à l’échelle locale et régionale, même lorsque leur effet global moyen est négligeable, voire nul. On estime que la superficie totale des terres cultivées en céréales est passée de 300 à 1530 millions d’hectares entre 1700 et 2000, tandis que la superficie des pâturages a plus que décuplé au cours de la même période.

Au-delà de l’effet de serre.

Contrairement à l’émission anthropique de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, qui a un effet homogène à l’échelle mondiale, les changements dus à la culture et à l’entretien des terres introduisent des « gradients spatiaux », c’est-à-dire des variations climatiques importantes d’un endroit à l’autre.

Ces changements constituent le « forçage » qui influence le plus les phénomènes météorologiques locaux et régionaux.

Il est donc nécessaire d’attribuer à ces facteurs au moins la même importance que celle qui, jusqu’à présent, dans la recherche, a été attribuée au dioxyde de carbone et, plus généralement, aux gaz à effet de serre.

En d’autres termes, une redéfinition théorique drastique est nécessaire dans la manière dont les risques du changement climatique sont identifiés.

Nous pouvons résumer notre argumentation en affirmant que la recherche doit inclure tous les « forçages » et pas seulement les émissions dues à la combustion de combustibles fossiles.

Par conséquent, il est nécessaire d’intégrer les risques découlant de la modification anthropique du manteau terrestre, y compris ceux causés par l’utilisation des terres sur la météorologie locale.

Nous devons commencer par reconstituer l’écosystème local afin de déterminer les risques posés par les menaces pesant sur les différentes ressources, qu’elles soient locales ou régionales.

En comparant cette approche à celle, conventionnelle – qui se place dans l’horizon un peu paranoïaque du modèle climatique planétaire – on constate qu’elle est mieux adaptée pour faire face à la diversité et à la complexité des perturbations climatiques, qu’elles soient d’origine humaine ou environnementale.

Ainsi, les décisions politiques sur le changement climatique sont en mesure de prendre en compte non seulement la manière dont l’activité anthropique affecte le climat, mais surtout la manière dont le changement climatique représente un risque pour cette activité.

Piloter le climat planétaire : une conception autoritaire.

Les décisions collectives qui doivent être prises pour atténuer le changement climatique et, si nécessaire, pour élaborer des stratégies d’adaptation, ont pour référence les lieux où ces changements se produisent. L’action, la véritable action, est toujours locale.

Promettre, comme le font les protagonistes du GIEC, d’installer une salle de contrôle à Paris – d’où l’on pilotera le changement climatique en tentant de limiter l’augmentation de la température moyenne de la planète – revient à proposer une sorte de despotisme climatique mondial qui, avant d’être un mal pire que celui qu’il est censé éviter, se révèle être une entreprise ridicule, voire chimérique.

Il suffit de rappeler que la planète n’est pas en danger, le changement climatique a toujours été là, la Terre en a vu bien d’autres, sa préservation n’est, plus modestement, que la protection de « notre monde » en tant qu’environnement qui nous permet de vivre et de nous reproduire confortablement.

En outre, il est évident que le réchauffement moyen de la planète, qui se poursuit depuis le début du XIXe siècle, a des effets inégaux dans les différentes zones géographiques – une malédiction pour la bande située entre les deux Tropiques, une chance extraordinaire pour les terres situées aux latitudes extrêmes, tant au Nord qu’au Sud.

En revanche, si les changements climatiques étaient réellement imputables principalement à l’apport anthropique de dioxyde de carbone, alors le choix de l’énergie nucléaire serait le plus judicieux — car les centrales nucléaires n’alimentent pas l’effet de serre… même si, par ailleurs, elles produisent des déchets radioactifs qui se désintègrent sur un intervalle de temps de plusieurs dizaines de milliers d’années.

Il convient d’ajouter ici une autre remarque critique à l’encontre de l’approche conventionnelle, celle du GIEC, du réchauffement climatique : pour diminuer efficacement les émissions anthropiques de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, il faut abandonner les combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables ; et cela signifie une gigantesque réindustrialisation, une nouvelle phase d’accumulation capitaliste avec des coûts sociaux énormes ; tout cela pour éviter une augmentation maximale de quelques degrés d’ici l’an 2100, comme le prévoient les modèles statistiques.

Seul un régime planétaire despotique pourrait tenter d’imposer des sacrifices à des millions d’êtres humains sur la base d’une prévision statistique se référant à la fin du siècle, lorsque nous serons presque tous morts.

Il suffit de rappeler à cet égard les projections erronées qui ont caractérisé la climatologie dans le passé. Par exemple, jusque dans les années 70 du siècle dernier, les modèles statistiques prévoyaient tous un refroidissement net de notre planète.

D’un autre côté, il n’y a pas de quoi s’étonner : en mettant au travail tous les ordinateurs utilisés dans les universités italiennes, nous ne pouvons pas savoir qui gagnera le prochain derby entre Milan et l’Inter Milan, et il est encore moins possible d’établir la température sur la place principale de Zagarolo le 28 juillet de l’année 2100.

I

Conclusions.

Pour terminer sans conclure, ce qui est supprimé dans le débat public international, promu par le GIEC dans l’intention de pousser au changement climatique, c’est l’acquisition de base de la thermodynamique : il n’y a pas de crise énergétique pour la bonne raison que l’énergie se conserve ; ce que nous vivons est plutôt une crise due à l’augmentation de l’entropie, c’est-à-dire l’augmentation du désordre.

Le fait est qu’il n’y a aucune possibilité d’empêcher cette croissance de l’entropie, car toute transformation énergétique – qu’elle soit due à la combustion de matières fossiles, à la capture du rayonnement solaire, à l’utilisation de l’énergie éolienne ou marémotrice ou encore aux réactions nucléaires – tout cela, pour ne citer que quelques exemples, n’échappe pas à la deuxième loi de la thermodynamique qui impose une taxe entropique, plus ou moins lourde, à toute transformation réelle.

Le réchauffement ou le refroidissement de la Terre – ainsi que celui des autres planètes – est un phénomène cyclique qui se produit depuis des millions d’années et qui est rendu possible par la circonstance que le système solaire n’est pas isolé mais situé dans l’espace profond ; de sorte que ce dernier fonctionne comme un immense réservoir qui absorbe avec une « divine indifférence » tout surplus d’entropie déterminé sur la Terre ou, plus généralement, dans le système solaire.

Ce que la nature permet à l’espèce humaine est une diminution locale de l’entropie ou une augmentation locale de l’ordre – compensée par une augmentation plus que proportionnelle de l’entropie ou du désordre dans cet « ailleurs absolu » qu’est, précisément, l’espace profond.

En d’autres termes, la lutte contre le réchauffement climatique, avant d’être impossible, est totalement inutile.

Ce qui, au contraire, est utile et possible, c’est de diminuer le désordre localement, sur une surface qui n’est qu’une fraction insignifiante de la surface de la Terre, dans les lieux où nous vivons ; et ceci à travers la piétonisation des centres urbains, la couverture d’arbres des zones déboisées, la récupération des eaux de pluie, l’économie d’énergie et ainsi de suite ; enfin et surtout, la réduction drastique de la pollution optique – celle qui a soustrait les corps célestes du paysage nocturne – en utilisant pour l’éclairage public les lampes « cutoff » qui diffusent la lumière vers le bas, dans la rue, avec une très modeste réverbération vers le haut, en direction du ciel étoilé.