Colloque Guattari + 30 à Paris 8 – 20-22 octobre 2022

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GUATTARI+30
Communiqué

OCTOBRE 2022
Un mois de festivités consacrées à la pensée de Félix Guattari

Trente ans après sa disparition, Félix Guattari laisse derrière lui – et manifestement devant nous – une nuée d’idées et d’expériences inestimables, une Terre de Feu d’où surgissent les luttes anti-capitalistes, féministes, décoloniales et écologistes. Cependant l’oeuvre de Félix Guattari reste méconnue, au-delà des quatre livres écrits avec Gilles Deleuze, il nous a laissé de nombreux essais qui inspirent, aujourd’hui plus que jamais, chercheur·ses, artistes cotemporain·es et quantité d’interventions expérimentales. Mais encore, des poèmes et des pièces de théâtres qui ne seraient tardés d’être mis en lumière. De son vivant Guattari a beaucoup marqué les esprits par son activisme « micro-politique », à commencer par celui entrepris à la clinique psychiatrique de La Borde pendant près de quarante ans, puis aux côtés de tous les mouvements du moment : indépendance algérienne, mouvement du 22 mars 1968, luttes de libération des femmes, droits des homosexuel·le·s, radios libres, lutte contre le racisme, opéraïsme italien, défense pionnière des personnes immigrées, démocratisation brésilienne, écologie… Fort de sa capacité à réunir des collectifs d’individus « hétérogènes » pour faire émerger de nouvelles façon de penser la philosophie, les rapports sociaux et le monde, Félix Guattari préférait se considérer comme partie d’un groupe plutôt que comme individu identitaire.
« Il faut sortir des conflits atroces de l’identité » écrivait-il en 1992. Le penseur-militant sera célébré tout au long du mois d’octobre à Paris mais également à travers le monde, par de nombreux évènements qui donneront un aperçu de sa pensée foisonnante et des prises qu’elle a sur le présent. Ces festivités ont été initiées par l’association des ami·e·s de Félix Chaosmosemedia. Présentations d’ouvrages réédités et de nouvelles parutions à la Fab d’Agnès b, conférences hybrides à Paris 8, projections, performances, notamment de Nicolas Frize et autres colloques aborderont les multiples facettes du travail de Guattari.
Le programme global et détaillé mis à jour sera disponible en suivant ce lien : https://chaosmosemedia.net/2022/04/06/guattari30/

 


 

PROGRAMME
Salle de la Recherche de la B.U.
Hall de la B.U.
Amphi MR002
Salle de La COUPOLE
A 133 – A 1-174

Visioconférence ZOOM
Salle de la Recherche de la Bibliothèque Universitaire :
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JEUDI 20 OCTOBRE

9:30 – 10:00 – Accueil café
Maison de la Recherche Amphi MR002

10:00 – 10:45 – OUVERTURE DU COLLOQUE INTERNATIONAL
Allocution de Mme Annick ALLAIGRE, Présidente de l’Université Paris 8

Présentation des Journées internationales par
Éric ALLIEZ
et Anne QUERRIEN

Présentation des installations dédiées à Félix Guattari par
Cerith WYN EVANS : )sounding(felix
Annie RATTI : Félix portraits/pro-traits
Guillaume LOIZILLON : Hasard subjectif

Bibliothèque Universitaire, Campus Nord
Salle de la Recherche

10:45 – 13:30 – Session POLITIQUE/MICROPOLITIQUES
Session animée par Guillaume Sibertin-Blanc
Quentin DUBOIS : Hocquenghem et Guattari. Revitaliser la théorie queer
Ricardo ROBLES RODRIGUEZ : Cartographies transféministes
Patrick RIECHERT : Milieu, machine, subjectivity : configurations of experimental governmentalities (in English)
12:15 – 12:45 – Discussion
12:45 – 13:30
Isis CASTANEDA et Paula JOUANNET : La puissance politique des rêves dans leurs résonances
Béatrice RETTIG : Une expérimentation radiophonique transversale
http://stream.transglobal-studies.org:8000/reves.mp3

13:30 – 14:30 – Pause déjeuner à La Coupole

14:30 – 16:30 – Table ronde I
Sessions animées par Valentin Schaepelynck
Luis Diego FERNANDEZ : Sur la révolution moléculaire dissipée en Amérique latine (zoom)
Fernando ALBA : Révolution moléculaire dissipée et grève nationale en Colombie (zoom)
Engin SUSTAM : Révolution moléculaire dans l’espace kurde
Francesco BERARDI / BIFO : Spasme chaosmique et désertion
16:00 – 16:30 – Discussion
16:30-17:00 – Pause café B.U.
17:00-18:00 – Table ronde II
Thomas CUVELIER : La violence des armes qui défigurent
Silvia ROCHET, P. PELAGALLI : Déserter le mythe. Analyse du figement d’un groupe-sujet

Maison de la Recherche, Campus Sud
AMPHI MR 002

10:45-13:30 – Session ECOSOPHIES
Session animée par Valentin Schaepelynck
Barbara GLOWCZEWSKI : (Dé)territorialisations en Australie, Guyane et France
Thomas MICAL : Botanic schizoanalysis and acid ecosophy (zoom)
Mathias SCHONHER : L’animisme de Guattari
Volker BERNHARDT : What Is Ecosophical Dwelling ? Qu’est-ce qu’un habitat écosophique ?
12:45 – 13:30 – Discussion

13:30-14:30 – Pause déjeuner à La Coupole

14:30-15:30 – Sessions animées par Quentin Dubois
Peter Pál PELBART : L’écologie du virtuel
Suely ROLNIK : Les araignées, les Guarani et les Guattaris. Notes pour décoloniser l’inconscient (zoom)
15:30-16:00 – Pause café en MR 002
16:00-18:00 – Table ronde
Loreline COURRET : Guattari et l’esthétique de l’environnement
Jay HETRICK : L’animisme machinique dans l’art contemporain japonais (in English)
Eloi HALLORAN : Le salaire et le revenu dans l’écosophie

Soirée : Projections et performances à La COUPOLE

 


 

VENDREDI 21 OCTOBRE

Bibliothèque Universitaire, Campus Nord
Salle de la Recherche

9:15 – 10:00 – Accueil café B.U.

10:00 -13:30 – Session POSTMEDIA
Sessions animées par Valentin Schaepelynck
Igor GALLIGO : De l’automédia aux médias contributifs. Guattari et l’expérience médiatico-politique des Gilets Jaunes
Brett ZEHNER : La production de subjectivité après l’attaque du Capitole (en anglais)
Anne ALOMBERT : De l’ère post média à l’ère post-vérité. Des « technologies persuasives » aux « technologies contributives »
12:00-12:30 – Pause discussion
12:30-13:30
Viviana LIPUMA : « Une pieuvre dans les eaux sales » : la nécessaire imbrication entre luttes de désir et luttes d’intérêts dans le techno-libéralisme
Jean Sébastien LABERGE : De l’infantilisation mass-médiatique à la concertation post-médiatique

13:29…SKIZA MAKINA, Hall de la B.U.
Machines de mouvement brownien, avec Catherine VALLON et les blouses-performeuses

13:30 – 14:30 – Déjeuner à la Coupole

14:30 – 18:30 – TEMOIGNAGES
14:30 – 15:00
François PAIN et Susana CALÓ
Mes concepts ces petites machines
15:00 – 16:30 – Table ronde I animée par Pierre-Johan Laffitte
Félix à La Borde
Avec : Jean Claude POLACK, Annick KOUBA, Michel LECARPENTIER, Gérard GRASS (sous réserve), Olivier APPRILL (sous réserve)
16:30 – 17:00 – Pause café B.U.
17:00 – 18:30 – Table ronde II animée par Véronique NAHOUM-GRAPPE
Félix politique
Avec : Jean Claude POLACK, Annick KOUBA, Anne QUERRIEN, Raymond BELLOUR

Maison de la Recherche, Campus Sud
AMPHI MR 002

9:15 – 10:00 – Accueil café AMPHI MR 002

10:00 – 12:00 – Session INCONSCIENT MACHINIQUE
Session animée par Frédéric Rambeau
Marcelo REAL : Le sensible chez Deleuze et Guattari
Andrew GOFFEY : La schizo-analyse, une pratique technique
François BORDES : Du côté de l’IMEC
12:00 – 12:30 – Pause discussion
12:30 – 13:30 – Session animée par Quentin Dubois
Sara FADABINI : Les idiolectes de l’inconscient. Une hypothèse guattarienne
Camille CHAMOIS : « Traits de visagéité » et « traits de silhouette ». Psychologie, éthologie et biologie chez Félix Guattari
Yan MENEZES OLIVEIRA : Visagéité et projet historique capitaliste. Un dialogue entre Guattari et Segato (zoom)

13:30 – 14:30 – Déjeuner à la Coupole

14:30 – 16:00 – Session CHAOSMOSES
Session animée par Frédéric Rambeau
Anne SAUVAGNARGUES : La chaosmose
John PROTEVI : Sur l’usage de terme “autopoïétique” dans Chaosmose
Discussion
16:00 – 16:30 – Pause café MR 002
16:30 – 18:00 – Table ronde
animée par Quentin Dubois
Noëlie PLÉ : Penser avec des intensités pré-verbales
Swan BELLELLE : Analyse félicienne dans la formation des adultes (zoom)
Bouazza BENACHIR : La psychanalyse au pays des saints, le Maroc (zoom)

Soirée : Projections et performances à La COUPOLE

 


 

SAMEDI 22 OCTOBRE

Bibliothèque Universitaire, Campus Nord
Salle de la Recherche

9:30 – 10:00 – Accueil café

10:00 – 13:00 – Session RITOURNELLES
Session animée par Guillaume Loizillon
Kuniichi UNO : Guattari : Une ritournelle-analyse
Mael GUESDON : Sur un cas de « stéréotypie graphique » dans les ritournelles Guattariennes
Antonia GOZZI, Michele CORLEONE – PROJET RITOURNELLES
l.ecture de Ritournelles par Caroline CHANIOLLEAU – musique A. Gozzi – E. Abela
Elena VOGMAN et Felix BRIEDEN : « Ritournelle transversaliste ». Une analyse performative
Anne QUERRIEN : Sur le projet d’Alexis Forestier « La machine à gazouiller », suite de micro-événements musicaux guattariens

13:00 – 14:00 – BUFFET libanais à la MR 002

14:00 – 15:00
Tina Mariana Krogh MADSEN (en zoom) : Condensation de flux sonores
15:00 – 16:30 – Table ronde POSTMEDIA (in English)
Session animée par Valentin Schaepelynck
Anthony FARAMELLI : Cartographier l’espace digital après Guattari
avec Joff BRADLEY (en zoom) et Michael GODDARD
Imogen PIPER : L’extrémisation des opinions par le fonctionnement machinique des réseaux sociaux
16:30 – 17:00 – Pause café
17:00 – 18:00 – Rencontre
animée par Pierre-Johan Laffitte
Olivier APPRILL, Sophie LEGRAIN : Présentation des Éditions d’une
Stevphen SUKHAITIS : Présentation de la Maison d’édition Minor Compositions

Maison de la Recherche, Campus Sud
AMPHI MR 002

9:30 – 10:00 – Accueil café

10:00 – 12 :00 – Session PHYLUM MACHINIQUE
Session animée par Anne Alombert
Vincent BEAUBOIS : La technique comme pharmakon
Quentin VERGRIETE : Cartographie d’un collectif jardinant en psychiatrie
SKIZA MAKINA : Catherine VALLON + les blouses performeuses …
Manola ANTONIOLI : Machines désirantes, machines techniques
12:00 – 13:00 – Table ronde (in English)
Session animée par Marie-Dominique Garnier
Radek PRZEDPESLKI : What Is Machinic Phylum ?
Henning SCHMIDGEN : Machinic Normativity. Félix Guattari and The Problem of Technology
Nicolas PRIGNOT : Electrohypersensitivity : Machinic Deseases and regimes of subjectivity

13:00 – 14:00 – BUFFET libanais à la MR 002

14:00 – 16:00 Session animée par Eric Alliez
Gary GENOSKO : Magic Within and Beyond Animism (zoom)
Jean-Philippe ANTOINE : Un sombre précurseur de Guattari ? George Kubler : désir de production, invention et duplication
Vladimir SAFATLE : Pour une théorie de la contrerévolution moléculaire
16:00 – 16:30 – Discussion
16:30 – 17:00 – Pause café
17:00 – 18:00 – Évènement musical
Wander Steps de Pascale CRITON par le Duo XAMP
Fanny Vicens & Jean-Étienne Sotty, accordéons microtonaux

Soirée : Projections et performances à La COUPOLE

 


 

LA COUPOLE EN SOIRÉE
18h-21h

JEUDI 20 OCTOBRE

18:00 – Frédéric LENEVEU : Performance. La misère des affects
18:20 – Film de Mariana LACERDA : Gyuri. Vie de Claudia Andujar avec les Yanomani
20:00 – Film de Mariana LACERDA et Rivane NEUENSCHWANDER : Je suis une ara. Manifestations d’animaux d’Amazonie à São Paulo

VENDREDI 21 OCTOBRE

18:00 – L’Orchestre de parpaings : Murs de sons
18:40 Martin BAKERO CARRA, avec Angelina Rud CARASCEAUX : Chaosmose RadioThéraPoétique

SAMEDI 22 OCTOBRE

18:00 – Enzo CORMANN : Monologue adressé à Félix
18:40 – Silvia MAGLIONI et Graeme THOMSON : Projection d’Un amour d’UIQ / In Search of UIQ (2013)
20:00 Films de Sarah KLINGEMANN sur Saumery : Grande Fugue et L’heure du goûter (à confirmer)

Accrochages  : pendant la durée du Colloque, dans le HALL d’EXPOSITION de la Bibliothèque Universitaire, et dans la Salle de la COUPOLE

La Coupole, Œuvres d’ami.e.s
Gérard Fromanger
Bernard Saby
Francis Bérezné
Boris Hannoyer
Sonja Hopf
Hall de la B.U.
Accrochage d’œuvres d’Annie Ratti
Espace vidéo de la BU
Odysée de l’attente – 60 minutes. Film de Elisa Band. Des aphasiques pendant la pandémie (disponible en libre accès, à confirmer)

Installations, campus Sud bâtiment A (accès par passerelle)

SALLE A1-174
)sounding(felix de Cerith WYN EVANS

SALLE A133 (studio) jeudi 20, vendredi 21, 10h30-17h
Hasard subjectif de Guillaume LOIZILLON

 


 

Comité d’organisation
Eric Alliez (Philosophie, LLCP, Paris 8)
Marie-Dominique Garnier (Etudes de genre/DELA, UMR LEGS, Paris 8)
Quentin Dubois (Philosophie, LLCP, Paris 8)
Myra El Mir (Etudes de genre, Laboratoire LEGS UMR 8238)
Anne Querrien (Revues Multitudes et Chimères)
Valentin Schaepelynck (Sciences de l’éducation, EXPERICE, Paris 8)
Guillaume Sibertin-Blanc (Philosophie, LLCP, P8)
Frédéric Rambeau (Philosophie, LLCP, Paris 8)
Ricardo Robles Rodriguez (Master Philosophie, Paris 8)

Comité scientifique
Eric Alliez (Philosophie, LLCP, Paris 8)
Olivier Apprill (Arte Magazine)
Manola Antonioli (Architecture, ENSA, La Villette)
Franco Berardi – BIFO (Philosophie, Bologne)
Antonella Corsani (Science économique, IDHES, Paris I-Sorbonne)
Pascale Criton (Compositrice, dpt Musique, Paris 8)
François Cusset (Civilisation états-unienne, Paris-Nanterre)
Larissa Drigo (Post-doctorante, USP Université Sao Paulo)
Marie-Dominique Garnier (UMR LEGS, Paris 8)
Vincent Jacques (Philosophie, ENSA Versailles/CIPh)
Annick Kouba (Comité Européen Droit éthique et psychiatrie)
Jean Sébastien Laberge (HAR, Paris-Nanterre)
Jean-Claude Polack (Psychiatre et psychothérapeute, Directeur de la Revue Chimères)
Matthieu Potte-Bonneville (Dpt Culture et création, Centre Pompidou)
Anne Querrien (Revues Multitudes et Chimères)
Frédéric Rambeau (Philosophie, LLCP, Paris 8)
Judith Revel (Philosophie, Sophiapol, Paris-Nanterre)
Jérôme Rosanvallon (Philosophie, CIPh)
Anne Sauvagnargues (Philosophie, HARp, Paris-Nanterre)
Guillaume Sibertin-Blanc (Philosophie, LLCP, Paris 8)
Peter Szendy (Philosophie, HARp, Paris Nanterre/Cité de la Musique)

Ces Journées internationales ont été organisées avec le soutien de l’Association Chaosmosemedia et l’appui logistique et financier de l’Université Paris 8, des laboratoires LLCP, EXPERICE, et de l’UMR LEGS-8238.

Les croquis de machines sont de Catherine Vallon
Le graphisme et la composition de l’affiche sont de Myra El Mir
Le « Portrait/Pro-traits » de Félix Guattari de l’affiche est par Annie Ratti

Accès : MÉTRO LIGNE 13, direction ST-DENIS – UNIVERSITÉ
Plan du campus : https://www.univ-paris8.fr/IMG/pdf/plan-3d-paris-8.pdf

 


 

GRAND ÉVÉNEMENT – UNIVERSITÉ PARIS 8
Bibliothèque Universitaire de l’Université Paris 8
Laboratoire d’études et de recherches sur les Logiques Contemporaines de la Philosophie LLCP-Paris 8
Centre de Recherche Interuniversitaire Expérience Ressources Culturelles Éducation EXPERICE
LEGS Laboratoire d’études de genre et de sexualité (UMR 8238)
Association des ami·e·s de Félix Guattari Chaosmosemedia

ATTENTION: le dialogue CREPEAU CORMERY en fin de journée du 20 octobre est annulé

JOURNÉES INTERNATIONALES GUATTARI+30

Université de PARIS 8, 20-21-22 septembre 2022

association CHAOSMOSEMEDIA

https://chaosmosemedia.net/en/

Salle de la Recherche de la B.U.

Hall de la BU

Amphi MR 002

Salle de la COUPOLE

A 133 – A 1-174

Abstracts/résumés

Nelson Fernando Roberto ALBA (Paris 8, Philosophie/ Université Santo Tomás, Bogotá, Colombie) –

Révolution moléculaire dissipée et Grève Nationale en Colombie (zoom)

Une « cartographie » des équipements collectifs de pouvoir capitalistiques dans l’histoire récente de la Colombie permet de voir des modes d’assujettissement sémiotiques spécifiques, liés aussi à des fonctions productives et libidinales qui passent par l’État et, paradoxalement, par des groupes subversifs se disputant son contrôle économique, politique et territorial dont les guérillas (M-19, FARC, ELN), les autodéfenses paysannes, le narco-paramilitarisme (BACRIM ou groupes criminels) et son rapport avec les partis politiques au pouvoir ne seraient que quelques expressions visibles. Le Conflit Armée que le pays subit dès du début du XXe siècle n’a cessé de reproduire des régimes d’une violence sociale et économique de plus en plus inusitée. Le paysan appauvri, le déplacé mendiant dans la ville, le chômeur, l’ouvrier et les salariats précarisés, les jeunes dits « ni ni » (ils n’étudient ni travaillent pas), les commerçants informels, l’employé à temps partiel, l’étudiant, le retraité et la femme de foyer, tous ont en commun d’être des modulations subjectives produites et reproduites par des grands Équipements collectifs.

D’ailleurs, les politiques de gestion néolibérale implémentées par les gouvernements depuis les années quatre-vingt-dix ont exacerbée les énormes inégalités sociales déjà existantes dans la plupart de la population ; la privatisation de la santé, l’éducation, les transports publics, les diverses reformes tributaires et à la retraite, les traités de libre commerce avec les États-Unis et une précarisation des conditions de travail en général avec l’« ubérisation » de l’économie ont été des motifs concrets pour que la population se manifestait dans les rues du pays dans la Grève Nationale de 2021, laquelle entraine, non sans violence matérielle et symbolique, un agencement collectif d’énonciation riche et complexe.

Cette communication analyse dans une perspective micropolitique la Révolution moléculaire déclenchée dans les événements de la Grève et cherche problématiser la matière à option politique opérant dans les modes de sémiotisation des équipements collectifs, mais surtout dans la politique d’agencement collectif d’énonciation et les formes organisation polycentriques, plurivoques et horizontales qui en découlent. Nous prêtons une attention particulière à d’autres modes de sémiotisation non-linguistiques comme la danse, les manifestations artistiques dans la rue et les places, l’expression mimique des modes de somatisation, les modes de perception de l’espace et les possibles composantes sémiotiques a-signifiantes.

Anne ALOMBERT (Université Paris 8, philosophie) – De l’ère post média à l’ère post-vérité. Des « technologies persuasives » aux « technologies contributives.

Dans un texte de 1990 intitulé « Vers une ère post-média », Félix Guattari s’interrogeait sur les évolutions des technologies médiatiques : la jonction entre la télévision, la télématique et l’informatique devait selon lui conduire à un renversement des pratiques, permettant aux récepteurs passifs de se réapproprier les « machines d’information, de communication, d’intelligence, d’art et de culture » et de renverser ainsi le « pouvoir mass-médiatique ». Trente ans plus tard, force est de constater que les « pratiques moléculaires alternatives » alors anticipées par Guattari n’ont pas suffi.

À « l’ère post-média » s’est en effet substituée « l’ère post-vérité » : si le « pouvoir mass-médiatique » des « industries culturelles » audiovisuelles a été perturbé par la révolution numérique, il semble néanmoins avoir laissé place à de nouvelles formes de captation de l’attention, par des « technologies persuasives » fondées sur la collecte des données et l’exploitation des pulsions, qui génèrent des phénomènes de désinformation et exacerbent la polarisation des opinions. Dans un tel contexte, la question qui se pose est moins celle de savoir comment contrôler les contenus, que celle de savoir comment repenser le fonctionnement technique et les modèles économiques des médias numériques, afin de les mettre au service de la controverse et du débat argumenté, caractéristiques de l’activité scientifique comme de la vie politique des sociétés.

Peut-on concevoir des plateformes permettant de partager des interprétations et de confronter des points de vue singuliers, et non seulement de diffuser des informations ou de « suivre » des personnalités ? Peut-on passer d’une économie des données fondée sur la logique de l’audience et la publicité ciblée à une économie des savoirs, fondée sur un espace public numérique « isonomique » ? En nous appuyant sur les travaux de Bernard Stiegler, nous soutiendrons qu’en dépit de leur appropriation par un capitalisme computationnel hégémonique, les technologies numériques recèlent des potentialités contributives inédites, susceptibles de dépasser la situation de « misère symbolique » inhérente aux médias analogiques. Tout l’enjeu consiste alors à penser des « milieux associés » numériques, dans lesquels les fonctions de production et de réception des symboles ne sont plus séparées, et où pourraient se développer de nouvelles formes de réflexivité.

Jean-Philippe ANTOINE (Université Paris 8, Arts)

Manola ANTONIOLI (ENSA Paris La Villette, directrice de programme au Collège International de Philosophie) – Machines désirantes, machines techniques

Nous proposerons une relecture du texte « Bilan-programme pour machines désirantes », publié pour la première fois dans le n°2 de la revue Minuit en 1973, et ensuite repris comme appendice aux rééditions de L’Anti-Œdipe. Dans ce texte, Deleuze et Guattari essaient d’éclaircir certains aspects de leur recours aux « machines désirante », dans une perspective qui dépasse le cadre de la psychanalyse pour s’engager dans un débat avec la philosophie et l’histoire des techniques, qui anticipe les développements de la réflexion développée par Guattari dans des ouvrages postérieurs autour de la « mécanosphère » ou « technosphère » contemporaine et de son rôle dans la production de subjectivité.

Martin Bakero. Conférence-action

« Chaosmose RadioThéraPoétique: Qu’est-ce que la Metanoia Schyzophonique? »

Invité spéciale : Angelina Rud Carasceaux

À partir des ondes radio, des mixages entre la voix de Félix et ceux des Chroniqueurs de la Radio Métanoïa au secteur 14 de l’hôpital de Ville Evrard: nous proposons une diffusion des idées « chaosmotiques » provénants des (im)patients schizos et mises en musique  et poésie par Martin Bakero (saxo, radio, voix, électroacoustique) et Angelina Rud Carasceaux (piano, synthés, percussions, voix, électronique). Nous aborderons principalement des idées radicales autour de l’écosophie, la déterritorialisation, la chaosmose, et la certitude délirante.

Vincent BEAUBOIS (Philosophie, Université Paris Nanterre, IRePh) – Une philosophie guattarienne de la technologie : pour une pharmacodynamie des techniques

Guattari insiste beaucoup sur le fait que sa pensée de la « machine » ne se limite aucunement à une compréhension des « machines techniques » : le « machinique » ne se réduit pas au « technique ». Cependant, la pensée « machinique » de Félix Guattari nous permet-elle d’envisager une philosophie de la technique en tant que telle ? Quel sens revêtent, pour lui, la technique et notre couplage à celle-ci ? Au premier abord, la technique semble revêtir une place ambiguë dans les écrits de Guattari étant autant synonyme d’aliénation que d’émancipation. Par exemple, dans Les trois écologies, les « transformations technico-scientifiques » sont à la fois présentées comme une « menace », mais également comme un potentiel de « résolution » des problématiques écologiques. De même, dans l’entretien avec Toni Negri paru en 1990 dans la revue Futur antérieur, alors que ce dernier insiste sur les impasses et les dangers d’un « âge informatique planétaire », Guattari semble maintenir une ouverture de possibles propre à ces technologies.

Cette ambiguïté qui opère au cœur de nos couplages technologiques ne doit évidemment pas être pensée comme une « neutralité » de la technique en elle-même qui émanciperait ou aliénerait uniquement en fonction des « usages » que l’on en ferait. C’est au niveau « machinique » des productions de subjectivités que cette ambiguïté doit être pensée et notamment dans la production de ce que Guattari nomme la « subjectivité capitalistique », c’est-à-dire une certaine forme de subjectivité dominante qui nous travaille toutes et tous en tant qu’elle est mise en forme par notre système industriel mass-médiatique. Cette subjectivité capitalistique se caractérise notamment par une mise en forme particulière de notre expérience du temps et de l’espace. L’image que Guattari utilise souvent pour caractériser les couplages qui s’opèrent avec les technologies mass-médiatiques est celle de la « drogue » comme expérience particulière d’un certain rapport au temps et à l’espace. En lisant ensemble les textes sur la « machine » et ceux que Guattari consacre à la question des « drogues », nous souhaiterions montrer combien la philosophie guattarienne engage une pensée « pharmacologique » de la technique, non plus centrée sur la question du soin comme celle déployée par la philosophie de Bernard Stiegler, mais sur des pratiques d’ajustements, de transactions et d’expérimentations existentielles. Nous chercherons ainsi à montrer que Guattari développe ce que nous pourrions appeler une pharmacodynamie des techniques attentive aux opérations dynamiques de mutation des champs environnementaux, sociaux et mentaux.

Swan BELLELLE (IRTS Nancy)/ Experice, Paris 8) – Analyse félicienne dans la formation des adultes (zoom)

La proposition qui suit tentera de réengager le chantier permanent guattarien dans le champ pédagogique de la formation pour adultes dans le secteur du travail social notamment. Réengager signifiant qu’un concept ne vaut que par la vie qu’on lui donne. Il a moins pour fonction de guider la représentation et l’action que de catalyser les univers de référence qui cadrent un champ pragmatique1, celui du travail social et de ce qu’il transversalise et le transversalise2. La méta-modélisation guattarienne constitue, pour le praticien que je suis, une invitation praxique, une singularisation théorico-pratique transdisciplinaire.

Cette proposition fera croître et cultivera différents concepts guattariens (ou deleuzo-guattarien – si cette distinction tient vraiment puisque Guattari travaillait en interférence avec diverses pratiques sociales) afin d’éprouver et d’expérimenter l’autre ou les autres logique(s) approchées par Guattari. En effet, l’angle que je prends à la lecture de Guattari est que ce dernier tentait d’instaurer d’autres logiques : l’ « éco-logique »3 (oïkos-logos) des Trois écologies, la « logique pathique », « logique des intensités » et « logique des affects » dans Chaosmose4 permettant de saisir voire de suivre les prises de consistance des objets qui sont alors davantage transistantiels que des substances ou des essences.

Chemins faisant, à partir de nos expériences et expérimentations pédagogiques (dans une perspective immanente et pragmatiste – pour que ça fonctionne dans des agencements), la voie esquissée, que l’on pourrait nommer praxis, tentera d’aborder le concept de transduction que Guattari (mais aussi Deleuze – dans Mille plateaux convoque en continuité de Gilbert Simondon. Nous reviendrons même sur les Ecrits pour l’Anti-Œdipe où le concept d’agent collectif de transduction est évoqué à plusieurs reprises. Les possibles de cette formule active permet d’activer celle d’agencements collectifs de transduction.

Dans une perspective expérimentante et créative de recherche création indisciplinée, le pari consiste à échafauder une méta-modélisation praxique permettant d’accueillir la transversalité des objets et sujets (pour autant que, là aussi, la distinction tienne encore), leurs devenirs et transistantialité selon une logique qu’il ne convient pas d’inventer mais bien plutôt d’accueillir et de transduire, là aussi, et d’en tenter la mise en consistance praxique : logique de la singularité, logique de la rencontre, logique des altérités autant d’invites qui mettent en crise la logique formelle, causaliste, la pensée héritée pour reprendre le concept de Cornelius Castoriadis ; l’insistance du « déjà là », de l’institué.

Et si les métiers cliniques (au sens le plus large du terme) s’instauraient à la croisée ou l’entremêlement de ces logiques (instituées et instituantes), lesquelles consisteraient non pas seulement « finalement » (au sens d’ « au final », de « l’après-coup » rétrospectif – les identités) ; mais plutôt, « chemin faisant », à saisir ou suivre les prises de consistances (matière institutionnelle, notre pâte à modeler et moduler) s’opérant ici-et-maintenant et dans leurs devenirs : les hétérogenèses (les altérations, les altérités, les intérités), ce que nous nommons ici des contexturations, c’est-à-dire des foyers d’individuations enchevêtrées, des territoires existentiels transversaux et transductifs. Ces contexturations sont en transformations permanentes et prennent consistance par des prises d’existence précaires, temporaires (cf. les vertiges de l’immanence).

Le plan de consistance relève alors moins d’une machine abstraite ensidique, stable et identitaire que d’une machine pragmatique hodologique singulière et métastable. Cette autre logique, ouverte à la processualité, aux complexions et aux singularités s’opposent moins à l’universel et à la logique classique qu’elle n’ouvre un carrefour praxique vecteur d’une portée éthique et de création subjective : nous sommes alors devant des choix à opérer eu égard auxconséquences de ceux-ci. S’esquisse ici une « culture du dissensus », de l’hétérogénité ouvrant les possibles d’individuations altératives plus qu’alternatives en éducation.

Volker BERNHARD (Media Theory, Bauhaus-University Weimar (Germany) – What Is Ecosophical Dwelling? Qu’est-ce qu’un habitat écolsophique ?

The question of the extent to which the private sphere is political was constitutive for an entire generation of the last century and continues to have an effect today under changed socio-economic conditions. In “The Housing Question”, Friedrich Engels addressed the precarious living conditions that industrial capitalism produced. But this understanding of space was based on segmentation and closure – today, by contrast, the mental, social and environmental ecology extends right into the living room. Adorno already stated in 1951: “Dwelling, in the proper sense, is now impossible“.

Therefore, even in the face of an impending climate catastrophe and a fully digitalised, semiocapitalist present, a reformulation of the housing question under the auspices of Guattari’s ecosophy seems necessary. In « The Three Ecologies », he derives the core of his ecosophy from the word « eco » in a very remarkable footnote, and lays out a trail of what a significant role dwelling would have to play in this: « The root ‘eco’ is used here in its original Greek sense of oikos, that is, ‘house, domestic property, habitat, natural milieu’. » Since Guattari’s entire work also aims at a revolutionary practice, it seems all the more remarkable that, apart from the forms of life in La Borde, the possible role of dwelling in the sense of an ecosophy is not situated: What could a resingularised, ecosophical dwelling – alongside collective housing projects – mean in a digital world? And how does it resist neoliberal individualisation and rebourgeoisation at the same time?

My contribution attempts to address these questions experimentally from the perspective of critical media theory, remixing Félix Guattari with Vilém Flusser, Max von Pettenkofer, Hannah Arendt, Walter Benjamin and Sigfried Giedion. It is an open question what ecosophical dwelling could mean theoretically and practically. It would depend on the attempt.

JOFF P. N. BRADLEY (Teikyo University, Tokyo)

In this experimental and playful talk, I want to create an imaginary dialogue between Guattari and R. D. Laing, who actually met in their lifetime but who have somehow come back to the living to reflect on what went on in their time and what they now see in the contemporary moment. My intention is to make some serious points about Kingsley Hall and La Borde, about climate change, about the rise of fascism, about all forms of liberation (ecological, economic, sexual and so on), about the crisis of technological addiction, but also to write the dialogue with a sense of humor as well.

Bio: Joff P. N. BRADLEY is Professor of English and Philosophy in the Faculty and Graduate School of Foreign Languages at Teikyo University, Tokyo, Japan. He is visiting professor at Jamia Millia Islamia (University), New Delhi, India, and a visiting fellow at Kyung Hee University, Seoul, South Korea. Joff has co-written A Pedagogy of Cinema, and coedited: Deleuze and Buddhism; Educational Ills and the (Im)possibility of Utopia; Educational Philosophy and New French Thought; Principles of Transversality, Bringing Forth a World; Bernard Stiegler and the Philosophy of Education. He published Thinking with Animation with Catherine Ju-Yu Cheng in 2021. He is currently writing two books on schizoanalysis and postmedia and will publish them in 2022.

Felix Brieden and Elena Vogman (“Madness, Media, Milieus”, Bauhaus Universität, Weimar) : Ritournelle transversaliste. Une analyse performative (en français).

Stills from François Tosquelles, Société Lozerienne d’hygiène mentale “one can hear the overlay of an ensemble of teeming voices, calling and answering each other, criss crossing, fading out, passing over and under each other, inside the automatic voice, very short messages, utterances obeying rapid and monotonous codes. […] in our example communication attains a higher degree, inasmuch as the voices enter into the make-up of the machine, become components of the machine.” F. Guattari

Felix Guattari’s lifelong obsession with the ritournelle – in therapeutic, social, philosophical and aesthetic domains – can be seen as an incessant “exploration of the expressive levels of pathic temporalization”. Time is not homogeneous, not an a priori to our experience. It is “beaten by concrete assemblages of semiotization.” It constructs territories. This is how the ritournelle becomes a critical model of subjectivation, capturing heterogeneous existential qualities through rhythms and refrains. Our performative lecture explores Guattari’s multilayered use value of the ritournelle through a number of manipulated speech acts. Using performative techniques such as polyphonic reading, sound and voice recording, live sampling, quotations and role play, we want to unfold the coexisting therapeutic, aesthetic and political implications of the ritournelle. Equally we would like to trace the inscription of Guattari’s experimental therapeutic practice with media in his philosophical and political writings.

The ritournelle emerges notably long before A Thousand Plateaus (coauthored together with Gilles Deleuze) in Guattari’s concrete clinical practice at La Borde in the early 1950s. In his analysis of the psychotic patient R.A. Guattari uses a magnétophone – a “magico-machinic technique of the tape recorder” – in order to evade the two bodies psychology and to introduce a third “technical other.” This media-therapeutic intervention coincides with Guattari’s gradual distancing from Lacan’s structuralist model of the unconscious. However, in 1955 the concept of the ritournelle equally appears in Lacan’s seminar Les Psychoses in reference to Daniel Paul Schreber’s paranoid repetition of short sentences. Schreber describes these as a looping “ringing of phrases.” In his structuralist gesture Lacan describes it as the “form which meaning assumes when it no longer refers to anything. […] the formula that repeats itself, starts over again, is drummed in with stereotypical persistence.” Lacan coins this phenomenon as la ritournelle referring to « Echo », the Oreade of Greek mythology which denotes a semantically emptied phrase repeating and imposing itself as meaningless. Whereas for Lacan it invokes a structural model of what he sees as the deficient and redundant elements of paranoia, for Guattari the ritournelle explodes the status of repetition in psychoanalysis while critically addressing the phallocratic anthropomorphism of psychoanalytic discourse. Exploring the expressive levels of the ritournelle as pathic temporalization, our lecture aims at staging the theoretical confrontation between Guattari and Lacan while emphasizing the ritournelle’s therapeutic function. “Analysis has everything to gain from enlarging its means of intervention,” Guattari writesSpeech, but equally modelling clay (Gisela Pankow), video, cinema, theatre, institutional structures and family interactions can become such therapeutic means. Enabling the a-signifying facets of such ritournelles to set off their “catalytic functions” instead of being closed into a circular perspective, Guattari continues François Tosquelles’ institutional psychotherapy undertaken at Saint-Alban in its collective therapeutic effort to transform the concentrationnist establishment. This dimension allows us to think Tosquelles’ and Guattari’s use of media as socially constituted ritournelles in their immanent political implications. Tosquelles’ film Société Lozerienne d’hygiène mentale offers a wide range of such collective ritournelles: printing workshops, theatre plays or carnival processions opening the clinic visitors from Lozère and beyond. This milieu of carnival (fête votive) can also be described by Guattari’s notion of an « existential ritournelle, » referencing Mikhail Bakhtin’s understanding of polyphony: a « polyphony of modes of subjectivation » that allows a multiplicity of modes and ways to emerge beyond hierachical stereotypies.

Bouazza BENACHIR – La psychanalyse au pas des saints, le Maroc (zoom)

En traçant des lignes de fuite, l’introduction de la psychanalyse dans le monde arabe et notamment au Maroc (1956) et les essais de Jalil Bennani par exemple nous invitent à explorer les marges ou la transversalité planétaire de Félix Guattari… pour démanteler « le syndrome nord-africain » (Frantz Fanon).

Felix Guattari ayant été (étant…)  sensible à J. Lacan, à la constellation négative du concept, puis quand lui et Gilles Deleuze  se sont chargé de sa dimension la plus affirmative, la plus spinoziste  ou schysoanalytique, il est légitime de s’interroger sur la généalogie et les effets de l’introduction (via René Laforgue et donc via la Société française de psychanalyse de psychanalyse dont Lacan est un des co-fondateurs) de la psychanalyse au Maroc : « pays des saints » et des rites possessions afro-maghrebins et du médiumnisme adorciste (voir les travaux de Georges Lapassade).

Susana CALÓ (philosophie, U. Porto, Portugal) avec François PAIN – Mes concepts ces petites machines

Isis CASTAÑEDA et Paula JOUANNET – La puissance politique des rêves dans leurs résonances

Dans son livre Staying with the trouble, la philosophe féministe Donna Haraway souligne l’importance de se raconter des histoires. Le contexte dans lequel elle écrit est celui d’un monde abîmé et déchiré par le capitalisme, l’histoire raciste, esclavagiste et coloniale. Dans cette perspective, Haraway nous invite à imaginer et à créer des façons alternatives de vie en partageant des récits qui perturbent les comptes hégémoniques. À la suite de Barbara Glowczewski dans Rêves en colère, les rêves nous semblent être des territoires fertiles où nous pouvons donner naissance à des nouvelles formes de vie, dans la mesure où l’espace du rêve peut dans le mélange des désirs, des territoires et des temps : faire avec des hétérogènes ; permettant de subvertir les marques représentationnelles communes de l’expérience, en organisant différentes traces de récits et de matériaux dans des temporalités autres.

En reprenant la préoccupation de Félix Guattari dans Chaosmose pour mobiliser des subjectivités collectives et transformatrices, nous soulevons une série de questions : comment saisir les rêves dans leur puissance subversive ? Comment partager les rêves – et leurs récits – sans les capturer dans les appareils qui cherchent à les comprendre, à les individualiser et à les rendre purement psychiques ? Dans quelle mesure serait-il possible de les faire vivre sous forme matérielle ? Sous une modalité d’action-recherche, nous abordons ces questions notamment au moyen d’une production artistique conçue autour de rêves produits dans le contexte social et politique de révolte au Chili, des expériences militantes et de la création textile, qui se situent à la frontière entre le rêve et la matière, entre le réel et le virtuel entre l’individuel et le collectif ; une manière de donner une autre vie aux rêves dans leurs résonances dans différents matériaux et formes de mise en commun. La résonance de rêves apparaît ainsi comme un mouvement créatif, singulier et potentiellement subversif de production de l’expérience politique.

Isis Castañeda. Psychologue et psychanalyste. Doctorante en philosophie politique à l’Université Paris-Cité (LCSP) et à l’Université Paris 8 (LLCP)-Féministe militante au collectif Brigada serpientes.

Paula Jouannet. PhD en didactique des mathématiques à l’Université Paris-Cité-Artiste textile, féministe militante au collectif Brigada serpientes

Camille CHAMOIS (FNRS/Université Libre de Bruxelles)“Traits de visagéité” et “traits de silhouette”. Psychologie, éthologie et biologie chez Félix Guattari

Lorsqu’il cherche à décrire les différentes composantes de ce « dépotoir » qu’est selon lui la pragmatique, Félix Guattari s’attarde largement sur la communication non-verbale des traits de visagéité5. La notion de « visagéité » renvoie à deux dimensions : en aval, un système d’expression culturellement situé, de sorte que chaque visage empirique s’exprime en conformité relative avec un « visage a priori » ; et en amont, des « “modèles” de perception, de motricité, d’intellection, d’imagination » qui conduisent à interpréter les signes perçus conformément à un code sociohistorique donné. Ce faisant, Guattari semble s’inscrire dans le cadre de l’histoire des sensibilités, en cherchant à décrire l’évolution des seuils d’expression autorisée et des degrés de contrôle de soi historiquement variables – une histoire qui, à la manière de Norbert Elias, verrait dans le traitement du visage la preuve des variations socio-historiques du surmoi et de la sublimation. Or, il n’en est rien : pour rendre compte positivement de ces phénomènes, Guattari ne mobilise pas le corpus psychanalytique, même entendu au sens large, mais plutôt la psychologie expérimentale et l’éthologie. Les références les plus décisives sont les arguments « gestaltistes » de René Spitz, Kurt Lewin, Daniel Stern et Otto Isakower, dans le champ de la pédopsychiatrie; l’analyse des micro-expressions d’Irenaüs Eibl-Eibesfedt, Harry McGurk et John MacDonald – c’est-à-dire dans la psychologie « cognitive » du développement  ; l’analyse des « traits de silhouette » dans les parades nuptiales des animaux, dans le champ de l’éthologie, et notamment chez Paul Géroudet ; et l’hypothèse d’une histoire épigénétique aux références multiples (Lynn Margulis en tête). Le but de cette communication est d’étudier le rôle que Guattari accorde aux traits et surfaces de visagéité afin d’expliciter la place que jouent la psychologie, l’éthologie et la biologie dans son œuvre – et, incidemment, dans le programme schizo-analytique qu’il met en œuvre. Plus largement, on cherchera à faire de la question de la visagéité une porte d’entrée pour réfléchir à la pertinence des confrontations entre psychanalyse et psychologie cognitive qui structurent une partie du champ contemporain.

 

Loreline COURRET (Paris 8, philosophie) – « Écologie et Littérature : Sur une quatrième écologie de Félix Guattari »

En 1989, Guattari publie d’un seul geste Les trois écologies et les Cartographies schizoanalytiques. Les premières se voulant l’introduction des secondes, un fil littéraire se tisse de l’une à l’autre : d’une part, il s’agit d’ouvrir l’écologie environnementale et les mouvements militants qui la construisent depuis un demi-siècle sur deux écologies, sociale et mentale, prenant en charge la question du milieu sur le plan subjectif de l’existence, plutôt que sur le plan purement technocratique des nuisances, d’autre part, il s’agit de penser l’ « environnement » comme une production sémiotique, dont les modèles historiques sont esthétiques. Que cette production sémiotique dans laquelle les êtres son engagés soit susceptible d’une éthique implique de décaler l’écologie du centre phénoménologique qu’est la corporéité vers une approche narrative de l’environnement, comprenant les composantes sensibles de l’expérience du milieu.

Cette communication se concentrera sur la contribution singulière de Félix Guattari au domaine de l’esthétique de l’environnement. Contre l’évidence apportée par des œuvres dont la nature est directement la matière (land art) ou l’objet (représentation de la nature), Guattari maintient une écologie littéraire, centrant cette esthétique environnementale sur l’art le moins évidemment naturel : l’art écrit, pris dans une culture elle-même écrite. Notre objectif est d’amorcer à partir de Guattari une réflexion écologique sur l’écriture, à la fois comme technologie sociale mais aussi comme un moyen d’émancipation écologique.

 

Thomas CUVELIER – Micropolitique de la défiguration : entre « grimace répressive » et pouvoir de faire la gueule

L’efficacité des armes à létalité réduite (ALR), notamment lors des opérations de maintien de l’ordre, repose sur un maniement psychologique de la force au moyen d’une technologie militaire et policière du choc, « frapp[ant] pour étourdir, assommer ou paralyser » (M. Rigouste ; 2015). S’il est donc censé moins tuer, l’emploi des ALR débride cependant la gamme de violences, avec un maniement extensible et sophistiqué qui mutile sans en donner l’air, invisibilisant des lésions pourtant bien réelles.

La mutilation du visage, en particulier sous la forme de l’éborgnement, est devenue un emblème de la violence perpétrée par les ALR. Or le visage n’est pas la tête ni la boîte crânienne et leurs parties anatomiques. C’est une surface dont les yeux, le nez et la bouche figurent les points particuliers de son animation d’une part, et d’expression de l’identité et de la communication d’un sujet d’autre part. Si bien que la subjectivation de tout le corps passe par le visage. C’est pourquoi ce dernier, compris comme surface de subjectivation, dépend d’une machine originale que Guattari d’abord, avec Deleuze ensuite, appellent la « visagéité ».

Outre que cette machine permette au visage de devenir signifiant, elle en fait un foyer de préoccupations impliquant ce qu’il y a de plus intime et désirant dans le champ collectif et social. C’est donc à ce double niveau de la subjectivation, au croisement du personnel et du politique, que porterait atteinte la violence des ALR, entendue comme « coup de force sémiotique » (Guattari ; 2011). La notion de visagéité rendrait alors possible une analyse micropolitique de la subjectivation à l’aune de la défiguration du visage.

En abordant la dimension traumatique des mutilations à partir d’entretiens, nous souhaiterions exposer comment la capacité désirante d’un corps est mise en jeu par la répression policière et libidinale qui l’accable. La difformité du visage renvoie tantôt le mutilé hors de toute communauté de semblables, le situant à la limite de toute subjectivation possible, et lui confère un étrange pouvoir de sidération/séduction susceptible d’ouvrir un nouvel espace de contestation dont la sortie du traumatisme est l’enjeu.

 

 

Quentin DUBOIS (Paris 8, philosophie) : Hocquenghem et Guattari — revitaliser la théorie queer

Cette communication prend pour point de départ le geste inaugural de Guy Hocquenghem en 1972 (Le désir homosexuel). En établissant, à partir de l’analyse guattarienne des groupes, le désir homosexuel comme désir de groupe qui refuse d’obéir aux institutions civilisées et de rejouer les valeurs qui y sont liées, Hocquenghem affirme la mortalité des institutions (et par extension de la civilisation). Davantage, cette intervention s’inscrit dans le champ polémique ouvert dès les années 80 aux Etats-Unis par Léo Bersani (Homos 1988) et plus particulièrement No Future: Queer Theory and the Death Drive (2004) de Lee Edelamn, champ qui sera qualifié d’antisocial thesis. Dans cet ouvrage, Lee Edelman détermine un futurisme reproductif comme horizon de toute politique de conservation et une reprise de la tâche contre-civilisationnelle homosexuelle à partir d’une pulsion de mort capable de faire exploser le grand futur collectif de la civilisation.

La tâche poursuivie est alors double :

– sur le plan théorique queer: il s’agira, à partir du travail de Guattari de refuser la réification d’une pulsion de mort que l’on opposerait à une pulsion de vie, une mort régressive oedipienne mais au contraire saisie à partir de sa visée désoedipianisante (ou décivilisatrice).

– sur le plan micropolitique : il s’agira, évitant l’impasse traditionnelle entre réformisme et révolutionnaire que viendrait incarner chacune des positions énonciatrices (LGBT versus Queer), d’investir la théorie queer d’une force de résistance à la traductibilité générale (subjectivité de l’équivaloir généralisé) et à l’établissement des valeurs civilisationnelles (famille, mariage, conservation analysés par le futurisme reproductif d’Edelman), à partir du mot d’ordre de Hocquenghem : « le désir homosexuel est l’assassin des moi civilisés » (Le désir homosexuel, p. 121).

 

Sara FADABINI (Paris 8, Philosophie) – Les idiolectes de l’inconscient : une hypothèse guattarienne

On a l’inconscient qu’on mérite ! Et je dois avouer que celui des psychanalystes structuralistes me convient encore moins que celui des freudiens, des jungiens ou des reichiens ! (F. Guattari, 1979 ).

Et si l’inconscient était structurant comme une langue plutôt qu’être structuré comme un langage ? C’est l’impression que j’ai eue en lisant les Essais de schizo-analyse de Guattari. Toute langue vivante est hétéroclite, déterritorialisante et imprévisible. Hétéroclite, car elle est immanente aux voix qui l’articulent et aux situations d’énonciation dans lesquelles elle s’inscrit, en les transformant. Déterritorialisante, car parler, fût-ce en soi-même, c’est s’exposer à l’écoute interprétante de l’Autre, matrice d’agencements souvent en rupture avec ceux engendrés par notre bouche ou notre cœur. Imprévisible, car, sous la pression des forces obscures, la langue est vouée à se rendre étrangère à elle-même, en devenant bégayement, silence ou style. Placé sous le signe du multiple irréductible, du devenir inexorable et du hasard qu’aucun coup de dés ne saura jamais abolir, l’inconscient guattarien serait ainsi un dispositif mouvant, qui accueillerait en son sein une altérité à jamais renouvelée (l’épithète « machinique », voudrait-il dire cela ?). Pour l’analysant, il ne s’agirait plus d’en traduire les manifestations dans des significations œdipiennes (comme tout grand roman, il finira par désavouer la scène primitive qu’il présentifie humoristiquement par moments), mais d’en discerner les effets. Par conséquent, lors de l’apparition du symptôme, on ne se demandera pas : — que veut-il dire cela ?, mais : — que (me) fait-il l’inconscient en parlant de cette manière ? ou bien : — quelles puissances de création et de vie sont dégagées par tel ou tel de ses idiolectes ?

Je me propose ici de retracer la critique de Guattari à la psychanalyse lacanienne du signifiant souverain. Je rappellerai à cet effet sa collaboration avec Deleuze, la rencontre avec la pragmatique française et anglo-saxonne ainsi que ses lectures de Kafka et Proust, peintres d’inconscients structurés comme des langues, et plus précisément comme des langues « mineures ».

Anthony FARAMELLI – (Visual Cultures,   Co-Program Leader, Fine Art and History of Art BA, Goldsmith College, London) – Cartographier l’espace digital après Guattari avec Joff BRADLEY et Michael GODDARD

The panel will be focused on critical postmedia to ask how to fabulate a new pharmakon of internet technologies to contest the collective algorithmic unconscious gone berserk. In this panel we will draw on our collaborative and on-going research on digital and the alt-right, the manosphere and Hikikomori via, among others, Guattari, Lacan and Reich, to suggest a new series of alternative diagrams to rival and contest Guattari’s fourfold of territory, flux, incorporeal universes and phyla.

Luis Diego FERNANDEZ (Université Torcuato Di Tella, (Argentine) –- La « revolución molecular disipada » [la révolution moleculaire dissipée] en l’Amérique latine. Les malentendus et limits dans les usages politiques-militants de la philosophie de Félix Guattari (zoom)

L’expression « revolución molecular disipada » [révolution moleculaire dissipée] a été employée par l’extrême droite latino-américaine (Alexis López Tapia) puis diffusée par l’ancien président colombien Álvaro Uribe pour faire référence aux événements sociaux au Chili (2019) et en Colombie (2021) à partir d’un usage particulier de la notion de Félix Guattari.

Ensuite, nous chercherons à penser l’articulation entre moléculaire et molaire d’un point de vue ontologique-politique en ce qui concerne le présent, particulièrement latino-américain ; de la même manière on analysera les convergences et divergences du devenir-révolutionnaire dans la dimension micro-politique et la révolution macro-politique. Nous présenterons, d’un côté́, l’appropriation incorrecte, péjorative et forcée de l’extrême-droite latino-américaine qui a fait un usage de la philosophie guattarienne à partir d’un malentendu conceptuel et, d’un autre côté, la critique très lucide de la gauche autonomiste (surtout Éric Alliez et Maurizio Lazzarato) à propos du manque de développement de la notion de révolution dans la pensée de Guattari.

Pour conclure, notre position essayera d’être à distance de ces lectures, en considérant les apports d’Alliez et de Lazzarato, afin de soutenir qu’il n’y a pas un déficit dans la pensée de Guattari mais une approche qui n’est pas convergente avec certaines idées marxistes.

Gary GENOSKO – Magic Within and Beyond Animism (zoom)

The task of this intervention is to gather together Guattari’s scattered references to magic, from Chaosmosis and Schizoanalytic Cartographies, and to reconstitute his position, using animism as a guide. For magic is a bulwark against positioning schizoanalysis as another specialism, and in maintaining what Guattari called its « eccentric » relation to professional psychotherapeutic practices. Indeed, Guattari warns his readers that animism is not simply another model. Whereas animism served Guattari’s decentring of subjectivity from the human individual, and his critique of the prevailing dichotomies of subject/object, human/nature, sign/real, to bring magic into play in schizoanalysis is to open it to ethno-psychiatric investigations of sorcery, as well as neo-pagan ecosophy. Magic is indispensable for understanding contemporary assemblages of enunciation, as it exists concurrently with the very forces that would try to banish it, as well as those which would attempt to exploit it for fascistic purposes in claims about « magic ballots » and “voter fraud”, for example.

Igor GALLEGO –  (Visiting Student Researcher, University of Berkeley, USA) « De l’automédia aux médias contributifs. Guattari et l’expérience médiatico-politique des Gilets Jaunes ».

Si le mouvement des Gilets jaunes est sans aucun doute le plus grand mouvement sociopolitique français depuis 1968, il se distingue des luttes françaises précédentes par une nouvelle appropriation politique des NTIC et des réseaux sociaux numériques, mais aussi par de nouvelles tentatives d’autoproduction médiatique. Celles-ci nous offrent aujourd’hui une expérience inédite de réflexion sur les formes et les enjeux démocratiques de l’organisation de la production médiatique pour repenser et critiquer l’ère post-média rêvée par Guattari. L’objectif de cette présentation sera d’esquisser le design de cette nouvelle individuation technique et d’imaginer de nouveaux circuits de transindividuation médiatiques à partir et avec l’expérience des Gilets Jaunes, en posant les questions suivantes : Comment les infrastructures du capitalisme numérique ont-elles transformé les pratiques makers du médiactivisme pour donner naissance au genre automédiatique ? À quels dispositifs de pouvoir techno-économique les automédias sont-ils aujourd’hui assujettis et contraints dans l’expérimentation de nouvelles individuations et transindividuations automédiatiques ? Quelles sont les nouvelles valeurs, normes et protocoles mediatico-politiques portés et fabriqués par les automédias ? Et enfin comment redesigner la fabrique de l’information par des processus contributifs pour produire confiance et vérité en l’information au sein de milieux populaires ?

Igor Galligo a d’abord suivi une formation en sciences humaines, débouchant sur quatre masters : philosophie contemporaine, arts visuels et esthétique à l’Université Paris 1 Sorbonne, puis sciences politiques à l’École des Hautes études en sciences sociales (EHESS). Depuis la fin 2012, il mène des recherches sur l’écologie de l’attention, le design de l’attention et les rapports entre attention et expérience esthétique. En 2013, il rejoint le programme de recherche « Reflective Interaction » à l’EnsadLab, le laboratoire de recherche de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Il devient également chercheur associé au GERPHAU, centre de recherche en architecture et en urbanisme, rattaché à l’ENSPLV. En 2013, il est chargé d’études pour le ministère de la Culture et de la Communication à la Direction de la recherche, de l’enseignement supérieur et de la technologie. De 2013 à 2015, il dirige ainsi avec Bernard Stiegler trois séminaires internationaux sur les transformations de nos capacités attentionnelles au sein de notre milieu numérique. En 2016, il est nommé chercheur associé à l’Institute of expérimental design and Media Cultures, à Bâle. En 2018, il fonde NOODESIGN, un think tank sur le design des opérations de l’esprit. En 2019, sous la direction d’Yves Citton, au sein de la COMUE ArTeC, il commence la réalisation d’une thèse de doctorat sur les thèmes des Automédias, des médias contributifs et de la post-vérité, puis fonde AUTOMEDIAS.ORG, une organisation qui regroupe des chercheurs, des ingénieurs informatiques et des activistes issus des mondes populaires (notamment du mouvement des Gilets Jaunes) pour repenser l’avenir démocratique de la production médiatique. En 2021, il est nommé chercheur associé au laboratoire COSTECH, à l’Université Technologique de Compiègne. Depuis septembre 2022, il est Visiting Student Researcher à l’Université de Berkeley (USA), au sein du programme NEST, sous la tutelle de David Bates.

Barbara GLOWCZEWSKI (CNRS, LAS) – (Dé)territorialiser écosophiquement : exemples d’Australie, de Guyane et de France

Félix Guattari s’intéressa aux Aborigènes d’Australie en 1983 alors qu’il fabriquait sa chaosmose de cartographies schizoanalytiques. Pour lui le travail de rêve collectif du totémisme australien, à la fois semi-nomade et ancré dans des lieux sacrés, résonnait avec l’élaboration de ses foncteurs : territoires existentiels, univers incorporels (ou ritournelles), flux et phylums machiniques.

Andrew GOFFEY (Philosophie, Nottingham University, UK) – La schizoanalyse, une pratique technique ? (intervention en français)

In a text titled ‘Relaying a War Machine’ Isabelle Stengers raises the question of how to pass on Guattari’s singularly experimental mode of thinking. Guattari presciently anticipates the complex environmental, social and mental challenges of ecologically destructive hyper capitalism, short of reading him as a prophet or treating his writings as a repository of solutions to pre-existing problems, relaying Guattari necessarily means reinventing his work, updating, adapting modifying his toolbox to address – to formulate – new problems. For Guattari, in 1989, the “knowledge economy” was perhaps still only really just emerging and one could easily imagine a liberatory dimension to the process of planetary computerisation then underway. That situation has since changed somewhat and it is necessary, I would argue, to try to explore a different relationship to technology and to technique. This paper proposes an exploration of Guattari’s work from the point of view of a reimagining of technique. Part one returns to the invention of transversality and asks to what extent one can read it as proposing a kind of technical approach to working with/in institutions. This entails an exploration of the work of the GTPsi around transference and a renewal of the connections made between the latter and laboratory experimentation. Part two will address the role that science plays in Guattari’s thinking of the machine, from his early engagements with this concept (where its effects are imagined analogously to a scientific discovery) through to the latter schizo cartographies, with their systems, paradigms and meta-models). Part three will consider the possibilities that the ethico-aesthetic thinking Guattari proposes in Chaosmosis can offer for a pragmatically consequential addressing of schizoanalytic practice as a process of co-creation (signalled by Guattari with his references to Bakhtin but implicit too in his invocations of Daniel Stern and his references to hypnosis.

Antonia GOZZI – Michele CORLEONE – PROJET RITOURNELLES –

Une lecture de Ritournelles par Caroline CHANIOLLEAU

musique A. Gozzi – E. Abela

Maël GUESDON –Sur un cas de « stéréotypie graphique » et ses résonances dans les ritournelles guattariennes

Si toute une branche de la clinique des psychoses a tenté de définir, dans des directions diverses, la stéréotypie, c’est certes pour sa valeur sémiologique dans les tableaux cliniques mais aussi probablement parce qu’il s’y joue une des formes les plus radicales de l’équivocité de la répétition comportementale qui s’autonomise et gonfle en se repliant de l’intérieur.

Progressivement la répétition transforme l’intention et devient, dans son insistance, sa rythmicité mêmes, l’opérateur essentiel qui agit sur la situation, qui filtre les relations, protège, isole ou menace. En partant d’un cas de « stéréotypie graphique » décrit par Antheaume et Mignot en 1906, j’aimerais suivre comment le concept de ritournelle tel qu’il se déploie dans la clinique guattarienne à partir du milieu des années 1950 reprend et déplace les enjeux de la clinique des stéréotypies psychiatriques pour construire une pensée de la répétition entre clinique, esthétique et politique.

Eloi HALLORAN – Guattari et la stratégie du salaire : sur la matérialité des voies de passage de la recomposition de la subjectivité

Le point derrière cela, c’est que les sociétés dans lesquelles on est – les sociétés que je dis capitalistiques, parce qu’elles concernent aussi bien les pays de l’Est qu’occidentaux – ne valorisent qu’un certain type de production. Je crois qu’il ne faudrait pas, de mon point de vue, se contenter du couple marxiste des valeurs d’échange et des valeurs d’usage. Il faudrait, alors, aller au-delà. Je crois qu’il faut introduire deux autres types de valeur : des « valeurs de désir » et ce que j’appelle des « valeurs machiniques ». Et, ainsi, comprendre que les valeurs d’échange sont quelque chose, dans la société, qui doit s’articuler aussi aux valeurs de désir et aux valeurs machiniques, aux valeurs de progrès machinique… Les valeurs machiniques : ce sont des valeurs de création, des valeurs d’invention. Aujourd’hui, une innovation technologique ou une équation scientifique ne prendra de valeur, dans le registre des valeurs d’échange, que si elle a son utilité immédiate dans les processus de production. Mais il y a des valeurs de création esthétique et scientifique qui n’ont pas d’effet immédiat sur les valeurs d’échange et qui mériteraient d’être financées. Donc, pour moi, je dis : les valeurs machiniques et les valeurs de désir sont des choses qui devraient s’insérer dans les valeurs d’échange au même titre que les autres valeurs d’usage. avec l’échange valeur de la même manière que toute autre valeur d’usage. Par exemple, le travail des femmes à la maison ou le travail des enfants à l’école. C’est une vision peut-être utopique, mais c’est quelque chose qui nous permet de comprendre et de critiquer le mode de valorisation capitaliste.6

D’aucuns reconnaîtront dans ces mots dits par Félix Guattari un agencement particulier entre la stratégie autonome-féministe-marxiste du salaire pour/contre le travail ménager et le travail étudiant et la productivité des machines désirantes. Dans « la perspective d’une révolution moléculaire », Guattari critique la division sociale du travail qui « toujours converge vers les valeurs du capitalisme », afin de réorienter « les objectifs de la finalité sociale du travail » vers « la vie quotidienne, l’aménagement de l’environnement, les possibilités données aux valeurs de désir, aux valeurs de création ».7 Ici, la productivité des machines désirantes permet le dépassement de ce que la critique de la valeur-dissociation appelle le « travail », lire : l’activité humaine sous forme d’abstraction réelle sans contenu ni fin, sinon sa propre accumulation-reproduction — le travail comme capital. Je propose une lecture des analyses guattariennes à partir de et en dialogue avec ces deux tendances, mais, surtout, une expérience de pensée qui cherche à les réconcilier avec les valeurs de désir machinique soulignées par Guattari. En phase avec sa collaboration avec Negri pour redéfinir le communisme comme « voie d’une libération des singularités individuelles et collectives, c’est-à-dire tout le contraire d’un enrégimentement des pensées et des désirs »8 j’articule, avec des théoriciennes marxistes contemporaines comme Morgane Merteuil et Beverley Best, le salaire pour/contre le travail comme un outil matériel pavant « des voies passage de la recomposition de la subjectivité ».9Je tente de rapprocher ces perspectives marxistes de Guattari afin de souligner l’importance d’ancrer « le rhizome de processus autonomes et singuliers » que la libération du travail peut constituer « sur le terrain d’un nouvelle collectivité », au-delà du « joug du surcodage capitalistique. »5 Il s’agit ainsi de définir le salaire comme préalable matériel et stratégique à un communisme qui transforme la tyrannie de la valeur en un nouvel espace de prolifération des valeurs désirantes et machiniques

Jay HETRICK – L’animisme machinique dans l’art contemporain japonais/ Machinic Animism in Japanese Contemporary Art (en anglais)

At the core of Félix Guattari’s ethico-aesthetic imperative is resistance to the serialization of subjectivation through the production of singular modes of subjectivity that are characterized, quite remarkably, as “polysemic, animistic, and transindividual” (Guattari 1995: 101). Even though this seemingly Romantic return to animism seems questionable, it forms the very framework that Guattari asks us to pass through, at least provisionally, in order to fully grasp his last project. I will attempt to demystify this important concept theoretically before showing how the “aesthetic machines” (Guattari 1995: 90) of Japanese contemporary art – and more specifically, the conceptual art of Yoko Ono – stage one key aspect of Guattari’s animism: machinic heterogenesis. Guattari travelled to Japan many times in the years leading up to the publication of Chaosmosis and Japanese contemporary art helped him to “elucidate his somewhat vague concept of an ethico-aesthetic paradigm by focusing upon concrete examples” (Hetrick 2015: 138). Further unravelling the consequences of this basic insight, I will argue that it is indeed through the lens of Japanese contemporary art that Guattari’s ethico-aesthetic paradigm might propel us beyond the old-guard “programs of the first half of the 20th century” (Lazzarato 2008: 174). Just as we are asked to pass through a certain notion of animism to understand the relational onto-logic of Chaosmosis, Japanese contemporary art itself demands a similar conceptual framework in order to be disappropriated from an all-too-Western canon. To this end, I supplement Guattari and Deleuze’s work with speculative readings of Japanese philosophy.

Jay Hetrick has published in the fields of critical theory and contemporary art and is the co-editor, with Gary Genosko, of Félix Guattari, Machinic Eros: Writings on Japan (Univocal, 2015)

Sonja HOPF, Mon voyage avec Félix

Mon voyage avec Félix Guattari se compose de deux livres.

Le livre I montre deux séries de mes gravures, une sous le titre d’Œil-trou, l’autre sous le titre d’Œil-monstre. Suit en troisième position une bande dessinée. L’œil-monstre y regarde à travers l’œil-trou une tête qui tombe.

Le livre II est le récit de mes rêves et notes de travail durant la première année de mon analyse avec Félix Guattari de novembre 1981 à décembre 1982. L’analyse s’est poursuivie et terminée avec la mort de Félix en 1992.

Jean Sébastien LABERGE (U. Ottawa/Paris Nanterre) – De l’infantilisation mass médiatique à la concertation postmédiatique

Un point programmatique primordial de l’écologie sociale sera de faire transiter ces sociétés capitalistiques de l’ère mass médiatique vers une ère postmédiatique ; j’entends par là une réappropriation des médias par une multitude de groupes-sujets, capables de les gérer dans une voie de resingularisation. (Guattari 1989c : 61)

 

Cette contribution vise à rendre compte du projet d’une transition de l’ère mass médiatique à une ère postmédiatique en le situant dans celui d’une réinvention de la démocratie aussi porté par Félix Guattari qui parle du « passage de l’ère consensuelle médiatique à une ère dissensuelle postmédiatique ». (Guattari 1989a : 23) Alors que l’apparition des nouvelles technologies de l’information et de la commande [TIC] a permis l’apparition d’appareils de capture stupéfiants, Guattari décèle la possibilité de mobiliser ces technologies pour créer de nouveaux espaces de liberté. Non plus mobiliser les médias pour sérialiser les masses dans une infantilisante simplification du réel, mais développer des moyens de concertation qui sollicite l’intelligence collective en faisant une place aux singularités et à la complexité des situations.

Le postmédia ne s’oppose pas simplement aux mass médias infantilisants, mais à l’ensemble des équipements collectifs qui préfabrique des subjectivités normalisées.

La conjonction d’éléments hétérogènes caractéristique de la transversalité permet de mettre l’accent sur le fait que l’énonciation s’instaure toujours à l’interface de plusieurs perspectives. C’est même de sa capacité à résonner dans différents Univers qu’elle tire sa consistance.

Face aux changements, alors que la position postmoderne aboutit au couronnement du désengagement conformément au laisser faire néolibéral et ce avant que d’autres clament la fin de l’histoire, Guattari considère que « ce qu’on peut en conclure, c’est que les pratiques sociales antérieures, celles du syndicalisme et des différentes moutures de partis de gauche, ont fait faillite ! » (Guattari 2013 : 211) D’où son insistance sur l’importance de réinventer les pratiques, de trouver des pratiques qui répondent aux conditions actuelles.

 

Frédéric LENEVEU (philosophie) – La misère des affects, les Règles facultatives

Ce travail est une manière de lutter et de répondre à un certain ordre de répartition de la parole philosophique, en proposant des activités vivantes en face-à-face afin d’affirmer une « parole » qui « n’a pas renoncé à produire des sens incarnés », selon les mots de F. Guattari.

Nous discuterons et tenterons de déplier avec Félix Guattari, comment le contrôle de la production d’affects est un enjeu politique qui opère dans la formation et la transformation des subjectivités : « La misère est une misère des affects, dont la privatisation entraîne une dévalorisation des possibilités de vie … »

 

La sensibilité, en tant que puissance d’être affectée et d’affecter, détermine et exprime la répartition entre le sacré et le profane. Elle est contingente et implique pour une part une géographie des pratiques de gouvernement et de résistances.

Viviana LIPUMA – « Une pieuvre dans les eaux sales » : la nécessaire imbrication entre luttes de désir et luttes d’intérêts dans le techno-libéralisme.

Pour Félix Guattari le capitalisme n’est pas seulement un système social de production d’objets matériels, mais tout autant un opérateur sémiotique qui confectionne et met en circulation un ensemble de signes afin d’assurer les bases de son maintien et son développement, grâce à un travail de segmentation de la subjectivité et à la stabilité sociale qui en résulte. « Ce que capitalise le capital, c’est du pouvoir sémiotique », affirme-t-il : les mass-médias, la publicité, la télévision, mais aussi plus largement l’école, la famille, l’hôpital sont ainsi les instances de production de tels signes capitalo-compatibles. C’est dans l’espoir de contrer les effets dévastateurs de ce laminage subjectif que Guattari salue dans les écrits écosophiques l’événement d’une « ère post-médiatique ». La mise au point de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), accessibles au grand nombre et faciles à manier, permet en effet l’éclosion de processus de singularisation de la part de groupes-sujets, en rupture avec la standardisation capitalistique et donc révolutionnaire du point de vue de l’écologie mentale. Il s’agit de nouveaux agencements énonciatifs, socle d’expressivité pour les individus et de reconstitution d’imaginaires politiques collectifs, qui œuvrent à une « révolution moléculaire » dans les domaines de la sensibilité et du désir. Or, c’est dans ce même temps que l’informatique et la télématique dessinent un nouveau régime de signes pour un nouveau mode d’extraction de plus-value. La fnance, la collecte des données, l’algorithmie, les nouveaux modes d’écriture numériques sont des signes qui ne renvoient à aucun signifiant pouvant être rattaché à des référents sémantiques visant un assujettissement aux modèles existentiels du capitalisme, mais qui ne sont pas moins néfastes du point de vue de l’élaboration d’une alternative sociale à celui-ci. Dès le début des années 1980, Guattari se montre attentif aux événements annonciateurs du tournant computationnel du capitalisme qu’il dénomme

« Capitalisme Mondial Intégré » (CMI), en insistant sur la paupérisation des travailleur.e.s des pays industrialisés, sur l’aggravation de la dépendance des pays du Sud, sur le délitement des anciennes formes de résistance ouvrière et de solidarité et sur le désastre écologique induit par des modes de vie énergivores. Comment croire, en ces conditions, que la « révolution moléculaire » puisse être porteuse d’une révolution sociale qu’on pressent de plus en plus nécessaire ?

Trente ans après Les trois écologies, le problème se pose de façon encore plus aiguë. Dans plusieurs textes, comme « Le Capitalisme Mondial Intégré et la révolution moléculaire » (1981), Félix Guattari suggère que, tout en étant centrale, la perspective micropolitique ne peut suffire et que nous devons pour cette raison trouver les moyens d’articuler les agencements expressifs post- médiatiques à des « luttes d’intérêts » politiques et sociales. Autrement dit, de nouvelles formes d’organisation et de nouvelles institutions doivent émerger de la nouvelle écologie mentale, en mesure de produire de changements conséquents de nos manières d’habiter la planète et se rapporter aux autres à une échelle mondiale. Ces indications demeurent à notre sens fort précieuses. Nous tâcherons d’explorer ces pistes en nous questionnant sur le rôle que peuvent jouer les NTIC pour l’avènement d’une nouvelle organisation sociale post-capitaliste, dissipant ainsi le premier leurre du CMI : le sentiment de notre impuissance.

Tina Mariane Krogh MADSEN (Berlin, Akusmata)Geological Flows and Machinic Potentialities (zoom)

This presentation takes its departure in an artistic work with sound and philosophy which evolves around affective encounters and their relation to modes of stratification, on the road to becoming. It is a remote and exploratory paper-format which will be composed of relocated transmissions of geological deterritorializations, words, and live-coded sonic sequences that interweave as an experiment in textuality. I wish to regard this as an assemblage of enunciation which can bring into existence new modes of proposition (Guattari, 1989/2012), based on resonances flowing between human and nonhuman entities — fingers, code, stone-fragments, and words. It uses processual creativity to discuss how a total deterritorialization can be reached (Guattari, 1992/1995).

One could state that it is paradoxical to try to deterritorialize and regard the potentials of becoming through live coding based on its algorithmic foundation, though in the act of writing code live, and via the use of its inherent potentials for failure, mistyping, and sonic chance encounters, we can say that these are navigating at the immanence between complexity and chaos (Guattari, 1992/1995), as a transversal connectivity of algorithms and improvisation. The specific use of geological sounds as source adds a further layer of relation via the ethics of sourcing the lithic, fragments of stones, for human use — their origin and life-cycle. Thus engaging these in a sound art practice which opens up for an ethico-aesthetic realm which discusses the macro through micro- gestures, awareness, and listening. Together with Deleuze, Guattari emphasizes that the plane of consistency and the total deterritorialization is always present immanent to the stratification process (Deleuze & Guattari, 1980/1987). It enables a potential, where the multiplicity of agents in the sonic output is crucial, for both its happening, and what is tells us about the environment.

 

Thomas MICAL (Jindal School of Art and Architecture, Delhi, India) – From Botanical Schizoanalysis to Acid Ecosophy (zoom)

This project arises from the need for a return to the revolutionary impulses teeming within the principles of desiring- production and nomadic subjectivity in Deleuze and Guattari’s Anti-Oedipus (1972) and later A Thousand Plateaus (1980), specifically to reformat the mind-nature dualism through processes of terraforming the unconscious of the individual through imaginative mutations in the spatial arts. In this work-in-progress, we first assert and sketch a divergence model of Botanical Schizoanalysis as the first movement, to counter the structuralist claims of Kasem’s The Science of Love: Botanical Psychoanalysis (2019). Botanical Schizoanalysis, if possible, would traverse the mind-nature dualism towards an entangled hybridity, here proposed as a hyper-activation of the mental ecology (Bateson, Guattari) as world, psychic and vegetal in reciprocal intensifications. Here we draw upon recent theories of plant intelligence in Marder’s Plant-Thinking: A Philosophy of Vegetal Life, of nature itself as an alien intelligence, which is actually already rooted in the subconscious. Botanical Schizoanalysis fuses together plant intelligence, alien intelligence, second natures and unnatural nature to imagine the world reanimated and life re-enchanted with the cornucopia of liberations and desires outpouring. In the contemporary model of mental ecology the mind is not an archive-herbarium but a mind- nature reciprocating mechanism spawning new experiences and schizo-adventures. The unconscious is a secret garden, lush with experiences of desiring-production coiling and uncoiling into the wider outside of the world. Outside, where the natural is encoded as a vast machinic phylum of strangeness. Guattari’s looping explorations give metamodels for producing another order of thought, and these wild ecologies are extended to include trace comments from Guattari’s final Schizoanalytic Cartographies (1989). Multiple natures, multiple ecologies, each terraforming the unconscious opening up new contours of thought is the schematic for a Botanical Schizoanalysis.

We will illustrate these conjectures and conceptual maneuvers suing a range of botanical illustrations from India in Rao’s Hidden Kingdom (2019) as provisional data categories to function as visual / indexical figures to stand for emergent mental ecologies.

The reciprocating wasp-orchid coupling in nature is duplicated in the 2-part structure proposed here – but it demands not a single wasp but a wasp factory. This liberation-desire project demands diverse techniques for creating active agents for initiating the shift from mental ecologies to Guattari’s later re/turn to ecosophical change in the world. Here the recent spatial (geographical) turn to world-building could follow some lines of flight identified in Jellis & Gerlach & Dewsbury (eds) Why Guattari? A Liberation of Cartographies, Ecologies and Politics (2019). Back to origins, contemporaneous with the writing of Anti-Oedipus, we find the 1970s countercultural happenings (spatial artists siding against capitalism and for schizophrenia!) can be located in the ecosophical-artistic happenings and processes of Joseph Beuys and his circle. There is an unexplored near-convergence of Beuys’ and Guattari’s ecosophical aesthetics, and traces of this near-convergence can be found in today’s bio-art, spatial arts, environments, and installations. MacCormack & Gardner’s Ecosophical Aesthetics: Art, Ethics and Ecology with Guattari is helpful here, in deploying a range of tactical operations. From this range we seek to develop a more extreme version of active ecosophy, where accessing compelling visions and experiences can be done following the model proposed by Mark Fisher in his last unfinished writing (“acid communism”). Fisher reasoned a temporary change of state of consciousness (“turn on, tune in, drop out” of the psychedelic era) would initiate a dynamic vision of the future perfect communism – but we propose a recoding of this into a very specialized notion of the ecosophical (more shamanic than political). From Leary’s The Psychedelic Experience: A Manual Based on the Tibetan Book of the Dead (1964) we can track the acid revolution in consciousness, the taste for altered states, and a search for new nature/s. The challenge of Acid Ecosophy is how to access a higher state of temporary occupation of the strata of wonder, from which brave psychonauts then would return to the everyday – ideally to implement that hallucinatory reality, as an active botanical Schizoanalysis for creative life / creative project(ion). The return to the machinic phylum of the present environment is a call to spore the world with new wonders for wild productions and explosive desires, free of superstructures for reconfigure environments to liberate a bio-mechanical carnivalesque, and to terraform inwards and outwards with many new soft machines. We call this second movement Acid Ecosophy.

Véronique NAHOUM-GRAPPE : Une amitié politique (avec Félix)

Yan Menezes OLIVEIRA :

(Psychologue, doctorante à l’Université Fédérale du Rio Grande do Sul)

 

Visagéité et projet historique capitaliste. Un dialogue entre Guattari et Segato

Cette communication propose un dialogue entre le psychanalyste Félix Guattari et l’anthropologue argentine dans la perspective décolonial, Rita Segato, dialogue facilité par le concept de visagéité et par des discussions sur le rôle du genre, de la race et des minorités dans le projet historique du capital. Guattari présente le visage comme une composante pragmatique particulièrement importante dans la micropolitique de la sémiotisation, de la sélection et de la fabrication d’un « corps social » au sein du système du Capitalisme Mondial Intégré. Chez Guattari, le thème du visage est directement lié au thème du majeur et du mineur et de leurs modes d’existence dans le capitalisme. Segato contribue à la réflexion sur la répartition du pouvoir et du prestige à partir de l’événement de la modernité coloniale, en particulier la colonisation du continent américain. A la suite du sociologue péruvien Anibal Quijano, Segato relie l’émergence du capitalisme et son projet historique prédateur et exploiteur aux inventions des Amériques et des races. Devant le dialogue entre le psychanalyste et l’anthropologue, des opportunités se présentent pour rechercher les apports décoloniaux à la fois de la formation généalogique des composantes des formations de visagéité à partir de la lecture du projet historique capitaliste, et sur son mode de fonctionnement à travers la compréhension de la race comme signe et le système hiérarchique du statut de genre modifié avec les invasions coloniales. Le dialogue thématique se justifie par l’importance des débats sur le genre et la racisation dans la contemporanéité, par l’importance d’actualiser la problématique du devenir-minoritaire dans une perspective décoloniale, et par la possibilité de revisiter Guattari à travers un rapprochement entre sa compréhension du le pouvoir signifiant de la sémiotisation capitaliste, ou sémiotisation de l’Homme Blanc, de la compréhension décoloniale du projet colonial moderne expropriant et prédateur.

Faciality and capitalist historical project: a dialogue between Guattari and Segato

This communication proposes a meeting between the psychoanalyst Félix Guattari and the Argentinian anthropologist from the decolonial perspective Rita Segato, a meeting facilitated by the concept of faciality and by discussions on the role of gender, race and minorities in the historical project of the capital. Guattari presents the face as a particularly important pragmatic component in the micropolitics of semiotization, selection and the making of a “social body” within the system of Integrated Global Capitalism. In Guattari, the theme of the face is directly linked to the theme of the major and the minor and their modes of existence in capitalism. Segato contribute to the reflection on the distribution of power and prestige from the event of colonial modernity, in particular the colonization of the American continent. Following the Peruvian sociologist Anibal Quijano, Segato links the emergence of capitalism and its predatory and exploitative historical project to the inventions of the Americas and races. Faced with the encounter between the psychoanalyst and the anthropologist, opportunities arise to seek the decolonial contributions both of the genealogical formation of the components of the formations of faciality from the reading of the capitalist historical project, and on its mode of operation. through the understanding of race as a sign and the hierarchical system of gender status modified with the colonial invasions. The thematic dialogue is justified by the importance of debates on gender and racialization in the contemporary world, by the importance of updating the issue of becoming-minority in a decolineal perspective, and by the possibility of revisiting Guattari through a rapprochement between his understanding of the signifier power of capitalist semiotization, or White Man semiotization, and the decolonial understanding of the expropriating and predatory modern colonial project.

Paola PELAGALLI et Silvia ROCHET – Déserter le mythe. Analyse du figement d’un groupe-sujet.

« C’est dans la mesure où les conditions matérielles et territoriales leur sont favorables que des groupes-sujets, c’est-à-dire des groupes qui ont un investissement collectif de désir pourront apparaître et trouver leur pleine efficacité. Et, de ce point de vue, la structure de la Clinique et de son contexte social et économique étant ce qu’ils sont, les choses vont de pair pour le personnel et pour les pensionnaires. »

Félix Guattari, « Le Club de La Borde », extrait de Laborde Eclair, 10 octobre 1973

Partant d’observations et de réflexions croisées entre une psychologue et une ethnologue dont les chemins respectifs se sont frayés au contact de l’héritage et de ce qui perdure de la psychothérapie institutionnelle, nous aimerions contribuer à la réflexion de ces rencontres autour de Félix Guattari en prenant pour objet la transformation du groupe-sujet en un groupe assujetti avec pour constante la fixation à l’Idéal groupal.

A partir de l’évolution des dynamiques groupales d’un Club thérapeutique contemporain, notre intervention voudrait démontrer que la fidélité symbiotique à l’institution – autant des usagers que du personnel soignant – est tributaire du recroquevillement de l’identité sur la participation au mythe institutionnel. Nous voudrions aborder les situations où en cette époque de crise l’effondrement individuel dépend de la destitution du mythe – et la conjure ainsi sans cesse. Elles font affleurer comment l’individualité se trouvait déjà assujettie à la dimension groupale, constituée par et non pas constituante du Collectif ; dans ces cas récurrents, le liant du groupe devient la performativité d’une cérémonie et de la narration faite autour du mythe institutionnel, plus que la dimension collective entendue comme agencement de singularités.

Nous vivons en effet l’après des années d’hiver, où le milieu médico-social extrahospitalier, comme divers secteurs de la société, pour conjurer l’effondrement des institutions publiques et des captations successives par les machines de guerre néolibérales, se trouve pris dans une nouvelle tendance à la claustrophilie (Facchinelli, 1983). Comment le groupe « ouvert », institution organisée ou sujets militants du « dehors », lorsqu’il n’arrive plus à lutter contre un ennemi externe trouve dans les contours de la menace de la dissolution du groupe et de la trahison de l’idéal son nouvel ennemi – et finit par ne conserver en son sein que celles et ceux qui restent détenteurs du mythe du groupe ouvert?

À la suite d’un parcours universitaire au croisement des sciences humaines et sociales, Paola Pelagalli suit actuellement une double formation en Psychopathologie Clinique Psychanalytique à l’Université de Paris et en Études Théâtrales à l’école doctorale de l’Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3.

Silvia Rochet est en thèse d’anthropologie sociale à l’Université de Lille (Clersé) et l’Université de Paris-Cité (Cermes3)

Fred PINAULT – Mur de son. L’orchestre de parpaings. Performance sonore. Pour 4 performeurs et une prise électrique.

L’orchestre de parpaings n’a pas de chef d’orchestre
L’orchestre de parpaings n’a pas de limite minimale ou maximale de performeurs L’orchestre de parpaings n’implique pas d’autres instruments que des parpaings électriques et des amplificateurs
L’orchestre de parpaings n’a pas d’autre objet que déprendre la conscience
L’orchestre de parpaings n’a pas d’autre sujet que donner à voir et à entendre le son de parpaings amplifiés par des haut-parleurs
L’orchestre de parpaings n’est pas beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection entre une machine à coudre et un parapluie
L’orchestre de parpaings est physique et littéral

« Le Capital, l’Énergie, l’Information, le Signifiant sont autant de catégories qui nous font croire à l’homogénéité ontologique des référents biologiques, éthologiques, économiques, phonologiques, scripturaux, musicaux, etc. Dans le contexte d’une modernité réduction- niste, il nous appartient de redécouvrir qu’à chaque promotion d’un carrefour machinique correspond « une constellation spécifique d’univers de référence à partir de laquelle une énonciation non humaine s’institue »10

Cette performance est une expérimentation pratique de l’hétérogenèse machinique dans le domaine musical. Si des musiques comme le free jazz ou l’improvisation libre ont depuis déjà pas mal d’années remis en question les rapports de hiérarchie, de composition ou de signification au sein de l’expression musicale et de la création plurielle, le mode de jeu instrumental inhérent à ces musiques et la modalité de pensée sous-jacente ne semble pas permettre de s’extraire tout à fait d’un certain rapport au discours, au langage, à la dialectique ou plus généralement aux modes de catégorisation habituelle du Signifiant. En effectuant une régression du son au bruit, et en s’intéressant aux interactions des sons entre eux, les musiques bruitistes ont depuis au moins John Cage contribué à faire exister une approche créatrice émancipée du signe musical, qu’on l’envisage mélodiquement ou harmoniquement, en s’intéressant au signal sonore dans ce qu’il a de plus matériel. Cette performance s’inscrit dans cette filiation en rendant visible et audible par le jeu des musiciens avec cet instrument impraticable, lourd et aux propriétés sonores douteuses, les interactions physiques des sons et des musiciens entre eux par des effets de larsen, d’in- terférence et de mouvement impliquant une approche du sonore co-constructive et déprise de toute logique déterminante.

Noëlle PLÉ (Université Libre de Bruxelles/Toulouse Jean-Jaurès) – Penser avec des intensités préverbales

 

Dans Chaosmose, ouvrage visant à repenser le concept de subjectivité, Guattari écrit : “Le terme “collectif” doit être entendu ici dans le sens d’une multiplicité se déployant tant au-delà de l’individu, du côté du socius, qu’en deçà de la personne, du côté d’intensités préverbales, relevant d’une logique des affects plus que d’une logique d’ensemble bien circonscrits.”

Penser avec ces intensités préverbales et cette logique des affects déplace la question de la subjectivité en dehors des limites posées par les notions de structure, de signifiant et d’identité. Cela implique que rien n’est figé dans une forme donnée et inaltérable : nos corps, nos identités, nos groupes, nos manières de vivre et de mourir ensemble ne désignent pas des entités fixes dont le langage pourrait se saisir en une fois. Cette zone du préverbal, en-deçà ou au-delà du régime de la discursivité, ce désir de contaminer le langage avec d’autres dimensions de ce que nous sommes et de ce qui arrive m’amène avec Guattari du côté du soma et des corps vivants.

La toile vibrante du réel ne préexiste pas aux mouvements qu’y s’y engendrent : elle mute au gré des multiples interactions qui s’y opèrent. Des gestes partagés par une pluralité d’existences humaines et autres qu’humaines comme tracer, respirer, grandir, construire, naître et mourir, participent d’une transformation de nos milieux de vie, où coexistent une multiplicité de corps et d’incorporels. Ces gestes qui varient et se répètent façonnent nos paysages vécus ; parlent d’interaction avec soi, avec l’autre, avec la terre mais aussi de la matérialité sensible de nos vies et des traces de nos passages. Ces gestes nous obligent à penser au niveau de l’expérience en train de se faire, là où ça se met à penser, à tisser, à expérimenter.

Dans la continuité de votre appel, j’aimerais interroger la pensée guattarienne en formulant cette question : Comment penser nos corps comme des zones d’expériences intensives où cultiver d’autres puissances d’agir et de désir ? Mon intérêt se porte du côté des traces et autres empreintes pour apercevoir ce qui se trame dans cette zone intensive que la discursivité manque, zone peuplée de signes en tout genre et rejouant perpétuellement la question du sens.

 

Nicolas PRIGNOT, (ESA St-Luc et ERG, membre du GECo (ULB), Bruxelles ULB Bruxelles) – Maladie machinique et régime de subjectivité– Machinic Illness and regimes of subjectivity (présentation en anglais)

 

Le caractère machinique n’a cessé de traverser l’oeuvre de Guattari. Nous voudrions montrer en quoi penser par la machine permet de comprendre la production corrélative de subjectivité, de socius, de monde, à travers un cas de controverse autour de l’existence d’une maladie, l’électro-sensibilité. Cette pathologie concerne des personnes souffrant de la présence d’ondes électromagnétiques (liées à la téléphonie mobile, le WiFi, le Linky, etc.) dans leur environnement. Les militants et associations de patients y voient un signe avant-coureur de risques sanitaires majeurs. La pathologie joue un rôle central dans la polémique sur les dangers des ondes, puisqu’elle sert de preuve de la possibilité que celles-ci affectent les corps humains. Ses détracteurs n’ont de cesse de reléguer la pathologie à une forme étrange de technophobie, relevant de la psychopathologie, n’ayant aucun rapport avec les ondes.

Cette controverse autour de l’électro-sensibilité montre deux régimes machiniques de la production de subjectivité qui s’opposent. Au-delà des controverses scientifiques autour de l’électro-sensibilité, ce sont deux régimes qui définissent différemment le monde qui sont en prises l’un avec l’autre. Ils définissent à la fois ce qui relève de la psyché, mais aussi quels composants du monde sont considérés comme agissants (les ondes sur les esprits ou sur les corps), quelles logiques ont le droit d’être à l’œuvre, quels agencements sociaux sont acceptables, etc.

Ce cas montre à quel point les « domaines » définis par Guattari dans les trois écologies ne sont pas indépendants, mais entrent dans des régimes de co-définition : la psyché est définie en rapport avec le social et le naturel, et aucun de ces pôles n’a de sens sans les autres. La controverse apparaît comme une lutte (minoritaire du côté des militants) pour l’existence d’un régime particulier de monde.

 

John PROTEVI (Loyola University, Chicago University, USA) –

Sur l’usage de terme “autopoïétique” dans Chaosmose (zoom)

 

 

Radek PRZEDPELSKI (Trinity College, Dublin/Maynooth University) – What is Machinic Phylum?

My paper draws on Guattari’s diary entries from the early 1970s annotated by Deleuze, in order to perform a media archaeology of a fundamental, yet notoriously underresearched concept in Deleuze and Guattari. Machinic phylum is set in opposition to mechanism and related to contingent autoregulation across a number of heterogeneous registers. However, rather than a form of Simondonian transductive materialism—a Simondonism which marks the horizon of creative thought today, I am going to excavate a Leroi-Gourhanian and Nietzschean lineage of this elusive concept, zooming in on how it constitutes at once a form of decolonial geophilosophy grounded in an inquiry into Early Iron Age Eurasian metallurgical technics AND a form of contingent ungrounding, drawing a continuum of deterritorialisation processes. I am going to conclude by signalling resonances with Yuk Hui’s concept of cosmotechnics.

BIO:

Dr. Radek Przedpełski is a migrant artist as well as media and contemporary art scholar lecturing in interactive digital media in the School of Computer Science and Statistics at Trinity College Dublin and at Maynooth University. Radek graduated from Trinity College Dublin with a PhD in Digital Art and Humanities. At TCD, Radek organized a conference on Art in the Anthropocene (2019) where he curated a thematic strand on post-cinema; a conference on Deleuze and art (2016); and a symposium on Deleuzian aesthetics and multiplicity (2018). Radek is the editor, together with Steve Wilmer, of a volume on Deleuze, Guattari and the Art of Multiplicity published by Edinburgh University Press in 2020. In the academic year 2020/21 Radek was a postdoctoral research associate on the Tackling the Carbon Footprint of Streaming Media transdisciplinary project developed at Simon Fraser University by media scholar Laura U. Marks and ICT engineer Stephen.

Peter PAL PELBART (U. P. C. Sao Paulo, Brésil) – L’écologie du virtuel

Félix Guattari s´est référé à une « écologie du virtuel ». Cette notion demande à être approfondie selon deux axes. L´un, conceptuel, faisant jouer l´écologie mentale ou subjective telle qu´elle apparaît dans Les trois écologies, d´une part, et le diagramme à quatre têtes de Cartographies Schizoanalytiques, de l´autre. Ce croisement nous permettra de mieux cerner le statut de la virtualité dans la machine guattarienne. Le deuxième axe émerge des contextes concrets au Brésil actuel, notamment l´enjeu des luttes amérindiennes, mais également des pratiques schizoanalytiques. La fonction politique des Enchantés pour les uns, des expérimentations schizo-scéniques chez les autres, ne font que mettre en relief la misère de notre normopathie colonisée. Or, certains apports de Stengers, Tobie Nathan, Desprett, Glowczewski, Viveiros et d´autres, en faisant place à l´Invisible, donnent à voir ses effets d´hétérogenèse.

Il devra apparaître, au bout de ce parcours croisé, comment concrètement, dans des domaines multiples, la part de virtualité, avec les plusieurs noms et déclinaisons que cela reçoit chez Guattari ou chez d´autres, assure l´ouverture et la vitalité des processus considerés. On espère ainsi, en partant d´une des composantes de la perspective écosophique, insister sur son urgence et son actualité croissantes dans notre contexte, mais surtout montrer ses résonances avec ce qui se passe aujourd´hui, à contre-courant du fascisme dominant, dans les tropiques que Guattari aimait fréquenter.

Marcelo REAL (U. Republica, Montevideo URUGUAY/Paris 8) – La composition de sensation chez Félix Guattari

On connait bien la tripartition deleuzoguattarienne : du moment où quelqu’un se connecte à son propre présent, s’en arrache pour en parcourir les devenirs, les virtualités, il recoupe dans le chaos du cerveau-sujet soit une forme de concept, soit une fonction scientifique, soit une force de la sensation.

Les communications de Guattari orales et écrites qui abordent notamment le sujet de la sensation, dont les brouillons sont conservés à l’IMEC, et qui précèdent et suivent immédiatement la sortie de Qu’est-ce que la philosophie?, nous donnent une idée assez différente de la version courante concernant l’histoire de ce livre qui laisse à un Guattari déprimé peu de place dans sa rédaction. Guattari ajoute au trépied philosophie-science-art une variante de l’art comme plan de composition de sensation et qui vient contester le « paradigme scientiste » des sciences humaines et des sciences sociales (leur neutralité objectivante) : le plan de l’inconscient (processus primaire) ou plan des territorialités existentielles. A cet égard, le plan de la sensation est le plan de la production de subjectivité qui ne se réduit pas au champ de l’art, mais qui inclut aussi la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle (l’objet de désir, l’objet partiel au sens de Winnicott, l’objet institutionnel [groupe-sujet]), le transfert et les agencements collectifs d’énonciation produits dans ces champs-là. Autrement dit, il est aussi le plan de la (micro)politique de la sensation.

En dénonçant la séparation radicale du champ littéraire et du champ scientifique, qui semble être un axiome de la culture occidentale, Guattari soulignait que « Les littéraires ne se rendent pas compte qu’une œuvre telle que La Recherche constitue une exploration scientifique, au même titre que l’œuvre de Freud ou de Newton » : recherche sur les « chevauchements perceptifs », les mutations des composantes perceptives et des coordonnées sensorielles, la dimension de la sensation (les devenirs sensibles) ; il en va de même avec les travaux « psychédéliques » de Michaux et de la beat generation, qui tous ont inventé des langages des sensations.

Je voudrais donc aborder les processus de construction d’une nouvelle sensibilité que Guattari appelle « le nouveau paradigme esthétique ».

 

Barbara RETTIG : « Rêves ».

« La vérité n’est pas dans un seul rêve,
mais dans beaucoup de rêves »


Flux radiophonique de diffusion des enregistrements du séminaire « Rêves » 2020-2022
Adresse directe d’écoute :

http://stream.transglobal-studies.org:8000/reves.mp3

 

Le séminaire « Rêves (l’archive entre poétique, politique et violence de l’histoire) » s’est intéressé à la vie rêvée, et à ce qui nous affecte en affectant simultanément notre rapport au monde. Il ne s’agissait d’ailleurs pas seulement d’interroger le rêve en tant qu’objet de recherche, mais aussi de la dimension de la subjectivité.

Si la psychanalyse a développé une conception du rêve qui le définit comme un processus et un mouvement, elle a eu tendance à interpréter ce mouvement de façon abstraite. On en a presque oublié le pouvoir subversif de ce que Freud, dans L’interprétation du rêve, appelait le travail du rêve comme un mouvement productif qui change la façon dont nous expérimentons le monde. Pour les pensées postmarxistes, ce mouvement est l’une des expressions de la vie subjective, suivant une approche dialectique qui met l’accent sur la négativité, ou bien une ontologie plurielle. Il ne s’agit alors plus d’une absence à soi dans la conscience mais de l’intégrité de l’expérience humaine, transversale aux dimensions individuelles et collectives, à la fois où s’inscrit la mémoire, l’histoire, et qui l’apparentent au mouvement de la création.

De là, les notions de souveraineté dans le geste de création ou dans le schéma psychanalytique classique laissent place à un questionnement renouvelé par les aventures de l’analyse institutionnelle, la socioanalyse narrative, l’anthropologie et la théorie critique, les études politiques, les études féministes, de genre et des subalternités, et les inventions littéraires et en art.

En suivant la piste des rêves, par excellence eux-mêmes un en-dehors de la raison instrumentale, on découvre les figures de l’autre qui furent incluses de façon subordonnée, dont ils restent porteurs de la charge émancipatrice de leur insubordination, et quelques passages entre philosophie et création.

 

Archive des programmes du séminaire :
https://llcp.univ-paris8.fr/seminaire-reves-jeunes-chercheur-e-s-2020-2021
https://llcp.univ-paris8.fr/seminaire-reves-ii-jeunes-chercheur-e-s-2eme-semestre-2021-2022
https://llcp.univ-paris8.fr/journee-d-etudes-au-dela-de-l-archive-19-06-2021-2428

Patrick RIECHERT (Politikwissenschaft Department, Freie Universität Berlin)

Milieu, machine, subjectivity: configurations of experimental governmentalities

 

This contribution posits a provocative reading of Guattarian – and adjacent – theory and practice, elaborating a point made in a recent collaboration with Elena Vogman (“Machinic Extimacy”, 2021), p. 126–9): its isomorphisms to the ‘counterculture-cyberculture’ (Turner, 2006) assemblage that would shape contemporary digital subjectivity.

It aligns Guattari’s ‘machinic production of subjectivity’ (1995; 2009) with the lines of subjectivation of Foucauldian dispositifs (Deleuze, 1992), wherein they serve a strategic purpose (Foucault, 1980). ‘Experimental governmentalities’ thus designate assemblage wherein governmental techniques and rationalities drawn from heterogenous domains are attempted in bounded settings, functioning as ‘governance laboratories’; intentional or not, they may eventually integrate with the prevailing governmentality which they had formed in critique of.

In t’he case of this Guattarian/Institutional Psychotherapy assemblage, it did not. However, its Californian ‘parallel’ did, crystallising personal computing and information economy from American 1960/70s countercultural milieus (Turner, 2006). Though vastly different in approach and scope, they reveal isomorphisms insofar as they respond to similar problematizations of psychic alienation, aim to produce new subjectivities, share an epistemological lineage in cybernetics, reach to media and art as crucial tools, employ (quasi-)algorithmic ordering (c.f. Caló, 2016), exert institutional-infrastructural design, attempt to foster contingent encounters, create new forms of valuation, and feature similar aesthetics of representation (remarked also by Erkan, 2019). Moreover, in their emphasis on production, choice, dehierarchization, and singularisation – as well as their disposition to “environmental regulation” (Dean & Zamora, 2021) and critique of institutions – they reveal strategic-functional resemblances to neoliberalism and attendant projects such as “neuroliberal” behavioural policy, design economics, and platformisation.

The aim here is not to reduce one domain to another (as e.g. Goffey, 2020 warns against), but to identify where and how these distinct approaches address the same problems, similar problems, and elucidate the conditions of their divergence. To a large extent, the project is one of interdisciplinary translation. As the terminology of governmentality intimates, Foucault’s genealogy of governmental rationalisation (2008, 2009) provides a framework for this project, deploying the concept of the dispositif as a particular, “strategic” (Foucault, 1980) form of the Deleuze-Guattarian assemblage or machine. Following this prototypical approach, it aims to create a conceptual mapping between established, emergent, and experimental forms of governing (such as behavioural datafication,

visualisation and interface design – see e.g. Bratton, 2016) and may point toward new potential paths to explore.

References

Bratton, B. H. (2016). The Stack: On Software and Sovereignty. MIT Press. https://doi.org/ 10.7551/mitpress/9780262029575.001.0001

Caló, S. (2016, April 23). The Grid. Anthropocene Curriculum. https://www.anthropocene- curriculum.org/contribution/the-grid

Dean, M., & Zamora, D. (2021). The Last Man Takes LSD: Foucault and the end of revolution. Verso Books.

Deleuze, G. (1992). “What is a dispositive?” In T. J. Armstrong (Ed.), Michel Foucault, philosopher: Essays (pp. 159–168). Harvester Wheatsheaf.

Erkan, E. (2019). Psychopower and Ordinary Madness: Reticulated Dividuals in Cognitive Capitalism. Cosmos and History: The Journal of Natural and Social Philosophy, 15(1), 214– 241. http://www.cosmosandhistory.org/index.php/journal/article/view/804

Foucault, M. (1980). The Confession of the Flesh: A conversation with Alain Grosrichard, Gerard Wajeman, Jaques-Alain Miller, Guy Le Gaugey, Dominique Celas, Gerard Miller, Catherine Millot, Jocelyne Livi and Judith Miller. In C. Gordon (Ed.), Power/knowledge: Selected interviews and other writings, 1972-1977 (1st American ed, pp. 194–228). Pantheon Books.

Foucault, M. (2008). The Birth of Biopolitics (M. Senellart, Ed.; G. Burchell, Trans.). Palgrave Macmillan.

Foucault, M. (2009). Security, Territory, Population (F. Ewald & F. Alessandro, Eds.; G. Burchell, Trans.). Palgrave Macmillan.

Goffey, A. (2020). La Borde and the Analytic Practices of Jean Oury. Visual Cultures Public Programme Lecture Series, London. https://www.youtube.com/watch?v=iLITiFxAB9E

Guattari, F. (1995). Chaosmosis: An ethico-aesthetic paradigm. Indiana University Press.

Guattari, F. (2009). Chaosophy: Texts and interviews 1972-1977 (S. Lotringer, Ed.; D. L. Sweet, J. Becker, & T. Adkins, Trans.). Semiotext(e).

Reed, P. (2018). Uncertainty, Hypothesis, Interface. _AH Journal, 00. https://web.archive.org/ web/20180322080411/http://www.ah-journal.net/issues/00/uncertainty-hypothesis-interface

Riechert, P. U., & Vogman, E. (2021). Machinic Extimacy. In Lou Cantor (Ed.), Intersubjectivity. Relative Intimacies (Vol. 3, pp. 120–132). Sternberg Press.

Robcis, C. (2016). François Tosquelles and the psychiatric revolution in postwar France. Constellations, 23(2), 212–222. https://doi.org/10.1111/1467-8675.12223

Schmidgen, H. (1997). Das Unbewusste der Maschinen: Konzeptionen des Psychischen bei Guattari, Deleuze und Lacan. W. Fink Verlag.

Turner, F. (2006). From Counterculture to Cyberculture: Stewart Brand, the Whole Earth Network, and the Rise of Digital Utopianism. University of Chicago Press.

Whitehead, M., Jones, R., Lilley, R., Howell, R., & Pykett, J. (2019). Neuroliberalism: Cognition, context, and the geographical bounding of rationality. Progress in Human Geography, 43(4), 632–649. https://doi.org/10.1177/0309132518777624

 

Ricardo ROBLES RODRIGUEZ (Université Paris 8) – Cartographies transféministes : L’influence de Félix Guattari dans les mouvements féministes et de dissidence sexuelle dans l’espace hispanophone.

Les transféminismes hispanophones proposent des nouvelles façons de concevoir les questions trans en dehors des « soif d’universalisation et d’homogénéisation » (Torres, 2014). Ce mouvement esthético-politique (Guattari, 1989) remet en question la différence sexuelle, les hiérarchies, les identitarismes et les espaces de production de savoir. Formé pendant les années 2000 à partir d’une diaspora de collectifs (Medeak, Guerrilla Travolaka, Post-Op), de philosophes et d’artistes, il trouve souvent dans la publication du Manifesto por una Insurreccion Transfeminista (2010) un acte fondateur. Leur héritage s’étend jusqu’à nos jours dans tous les mouvements sociaux, et traverse les frontières de l’espace hispanophone.

Ce travail met en relief l’originalité des transféminismes dans leurs relectures innovantes de Félix Guattari. Dans un premier temps, il expose une redéfinition du transféminisme à partir du concept guattarien de la transversalité (S.Valencia, C. Meloni, H. Torres). Dans un deuxième temps, il analyse la réactualisation de la schizoanalyse par Paul B. Preciado à partir des nouveaux concepts tels que la queer analyse (2008) ou la cartographie ren@rde (2012). Enfin, ce travail analyse les pratiques des collectifs transféministes des années 2000 et 2010 (ateliers drag-king ou de squirting, le post-porn), et la complexité de leurs agencements d’énonciation collective qui déploient des nouvelles micropolitiques de genre (Preciado, 2010).

Ce travail prétend contribuer aux allers-retours théoriques poststructuralistes entre la France et l’état espagnol. Aussi, il a pour ambition contre-carrer les reterritorialisations de certains discours contemporains sur les questions trans. Il propose le transféminisme en tant qu’anarchisme rhizomatique formé par un sujet politique multiple, par des alliances insolites (Galindo, 2013) et par des revendications sociales non-hiérarchisées.

Suely ROLNIK (Sao PAULO, UCP, Brésil) – Les araignées, les Guarani et les Guattaris. Notes pour décoloniser l’inconscient

Les « Guattari » est un des noms que nous pourrions donner à l’ensemble formé par les agents d’une des perspectives en dispute au sein de la pensée du monde moderne européen occidental. Il s’agit d’une perspective qui oriente la pensée vers le détournement théorico-pragmatique du régime de d’inconscient colonial-racial-patriarcal-capitaliste, régime à partir duquel se produit la consistance existentielle du monde en question, sans quoi il ne se concrétiserait pas. En Amérique Latine, cette perspective a toujours été présente chez les peuples amérindiens et afro-descendants, mais sa présence dans la scène publique s’est activée et intensifiée depuis la dernière décennie par les mouvements menés par ses peuples, parallèlement à son activation par les mouvements féministes et LGBTQIA+. Mon point de départ seront les affects générés par trois rencontres et par les réverbérations entre ces affects dans mon corps : tout d’abord, la rencontre avec ces mouvements (en privilégiant des vocables en Guarani) ; puis la rencontre avec les « Guattaris » ; et enfin la rencontre avec les araignées. Je souhaite ainsi suggérer des pistes autour du régime de l’inconscient (cité ci-dessus) et du mode de subjectivation qu’il produit : la névrose structurelle. Je porterai mon attention aux engrenages de la fabrique de mondes gérée par tel régime et la place centrale qu’occupe dans cette fabrique la notion de race appliquée aux humains comme principe structurant des axiomes avec lesquels se produisent ses formations dans le champ social. Ces suggestions se présentent dans le cadre du travail collectif de la création d’outils de combat dans la sphère de l’inconscient, sphère que Guattari appelle micropolitique. C’est dans ce domaine qu’un monde est produit et reproduit, mais c’est aussi là que réside sa puissance de mutation. Guattari a insisté de façon obsessionnelle toute sa vie sur le fait qu’il est impossible de se confronter au désastre de l’état des choses actuel sans le combattre aussi dans cette sphère, tout en articulant ce combat avec sa confrontation dans la sphère macropolitique.

Vladimir SAFATLE (Philosophie, Université de Sao Paulo Laboratoire de recherche en théorie sociale, philosophie et psychanalyse)

Anne SAUVAGNARGUES (Philosophie, Paris-Nanterre) – La chaosmose

Mathias SCHÖNHER (Université de Vienne/ Bauhaus-Universität, Weimar) – L’animisme de Guattari/ Guattari’s Animism

Eduardo Viveiros de Castro wrote to Donna Haraway: “Animism is the only sensible version of materialism.” In line with this, Bruno Latour explains, it is a great enigma “that many people still hold the rather naïve belief in a supposedly deanimated ‘material world.’” In current debates about the Anthropocene, the humanities are increasingly emphasizing the relevance of animist positions (Arianne Conty, Jemma Deer, Ewa Domanska, Shoko Yoneyama, and others). Conty, for example, argues that given the massive ecosystem destruction, it is necessary to devise “an animistic relational ontology.” She argues for a redefined animism as “a new conceptual paradigm for the Anthropocene,” in order to overcome the dichotomy of human culture and non- human nature that is fundamental to Western modernity and manifests itself in the devastation of the Earth. However, it is not clear from the ongoing discourse how this redefined animism distinguishes itself substantially from New Materialism as well as from Actor-Network-Theory (apart from the significantly stronger consideration of non-Western modes of existence). Against this background, the presentation attempts to specify the possible significance of a New Animism by tracing the discourse back to the work of psychoanalyst, philosopher, and political activist Félix Guattari, and thus to one of its most important sources. Beginning in the late 1980s, Guattari emphasizes several times, “it is urgent that we return to an animistic conception of the world.” With reference to this and other statements by Guattari, Angela Melitopoulos and Maurizio Lazzarato have drawn attention to Guattari’s “machinic animism.” Apart from brief commentaries, for instance by Isabelle Stengers as well as by Joshua Ramey, and Jacob W. Glazier’s project of developing “a new animism for the post-media era” based on Guattari and Haraway, the systematic importance and critical potential of Guattari’s indication of an animism has not yet been explored.

Mathias Schönher is a postdoctoral researcher associated with the Department of Philosophy at the University of Vienna and the Media Studies Department at the Bauhaus-Universität Weimar. He is currently preparing a new research project that will examine Guattari’s animism and aims to devise a philosophy of nature for the age of computation. Mathias Schönher has published several articles on the late philosophy of Deleuze and Guattari in journals such as Theory, Culture & Society, the Journal of Speculative Philosophy, Qui Parle, Cosmos and History. Together with Henning Schmidgen and Elena Vogman, he organized the international conference “Madness, Media, Milieus. Félix Guattari in Context,” which was held in June 2021 at the Bauhaus-Universität Weimar.

Henning SCHMIDGEN (Bauhaus Universität, Weimar) – Machinic Normativity. Félix Guattari and the Problem of Technology 

One of the dominant themes of Félix Guattari’s theoretical work is undoubtedly that of the machine. From his early interventions in the context of Institutional Psychotherapy to his late philosophical works, the machine proves to be the leitmotif, vanishing point and line of flight of his theoretical and practical work. With an eye on the seemingly contradictory positions of Karl Marx and Georges Canguilhem, I argue that at the center of Guattari’s thought stands the connection between technology and subjectivity. When the late Guattari claims that there is a « machine addiction » of subjectivity in the age of planetary computation, his argument is based on the premise that technical action is a basic need of vital beings, who in this way appropriate and design their environment – like a kind of existential „bricoleur, » or tinkerer. Viewed from this angle, it becomes clear that Guattari’s understanding of machinism is closely related to Canguilhem’s notion of normativity. As a result, Guattari’s machine theory remains a crucial resource for critically discussing the complex configurations between technology and biology, media and organs, materiality and life.

Silvia MAGLIONI & Graeme THOMSON, projection du film

In Search of UIQ (2013)/Un amour d’UIQ.

Après avoir été présenté en avant-première à REDCAT (Los Angeles), ln Search of UIQ a fait un long voyage dans plusieurs pays du monde et avec de nombreux alliés (surtout des amis de Félix).

Parmi les projections: FID-Marseille (première internationale), Museo Reina Sofia (Madrid), b_arco (San Paolo), The Showroom Gallery (Londres), Modern Art Institute (Brisbane), EYE film (Amsterdam), Casco (Utrecht), NYU Film Theory Program (New York), UCSB (Santa Barbara), Museu de Arte Moderna de Bahia.

Le film a récemment été présenté lors de la conférence DARE 2019 « Machinic Assemblages of Desire » (Institut Orpheus, Gand, Belgique). Plusieurs articles ont été publiés dans les revues Chimères, Frieze, Vertigo, Cahiers du cinéma, Les inrocksMediapart, Springerin, Cabinet, Mouvement, Real Time Arts., etc.

Stevphen SUKHAITIS – University of Essex. Présentation des éditions Minor compositions.

Stevphen Shukaitis is Reader in Culture & Organization at the University of Essex, Centre for Work, Organization, and Society, and a member of the Autonomedia editorial collective. Since 2009 he has coordinated and edited Minor Compositions (http://www.minorcompositions.info). He is the author of Imaginal Machines: Autonomy & Self-Organization in the Revolutions of Everyday Day (2009), The Composition of Movements to Come: Aesthetics and Cultural Labor After the Avant-Garde (2016), Combination Acts. Notes on Collective Practice in the Undercommons (2019), and editor (with Erika Biddle and David Graeber) of Constituent Imagination: Militant Investigations // Collective Theorization (AK Press, 2007). His research focuses on the emergence of collective imagination in social movements and the changing compositions of cultural and artistic labor.

Engin SUSTAM La révolution moléculaire de Guattari et la transformation constituante de l’espace kurde

Notre proposition veut interroger la façon dont l’espace kurde intervient comme bricolage d’une approche micropolitique de pouvoir constituant et permet d’illustrer le concept de « révolution moléculaire » en Syrie au Rojava et en Turquie (région kurde), par le biais du municipalisme. Nous proposons une étude de cette révolution moléculaire selon la perspective guattarienne, qui consiste à penser une mutation de valeurs politiques, sociétales, culturelles et institutionnelles de la vie, de la cartographie et de la territorialité. Il s’agit d’une transformation du paradigme de la “revolution” à partir de l’autodétermination basée notamment sur les systèmes cantonaux au Rojava, dans une perspective post Etat-nation.

Kuniichi UNO – Félix Guattari : une ritournelle-analyse

Guattari nous a proposé une Ritournelle-analyse en plus de ou parallèlement à la Schizo-analyse. Un cas exemplaire de cette analyse se trouve dans son texte sur Proust. Selon Guattari le visage d’Odette se cristallisant avec une ritournelle de Vinteuil aboutit à former une ritournelle-trou-noir infernale qui enferme la jalousie et l’amour de Swann, tandis qu’une autre ritournelle amoureuse arrive à constituer une ouverture créatrice avec le visage d’Albertine analysée elle-même par le narrateur. « Prendre en compte la répétition-ritournelle, qui se met en travers de l’ordre « normale » des choses, qui insiste sans raison, synonyme d’une rupture des amarres paradigmatiques technico-scientifiques et d’un réamarrage des pratiques sociales et analytiques du côté des paradigmes éthico-esthétiques, produire une autre subjectivité, d’autres modalités énonciatives, à dis-poser autrement l’existence. Voilà ce que pourrait être le programme d’une analyse des ritournelles, d’une ritournelle-analyse. » (Cartographies schizoanalytiques)

La répétition extraordinaire de son bricolage expérimental avec ses études sur le schéma des quatre « fonctifs » dans ses Cartographies schizoanalytiques déclenche aussi toujours la recherche de la ritournelle qui puisse réaliser la déterritorialisation perpétuelle, et finalement l’ouverture remarquable des flux et des territoires. Nous allons retracer et examiner l’itinéraire de cette recherche de La Ritournelle-analyse et la façon dont une ritournelle est extraite et cristallisée, défaite, recomposée et dont elle s’introduit dans un agencement ou une connexion positive ou négative, créative ou destructrice, ouverte ou close selon des mouvements et matières qui y sont impliqués. Le visage est aussi impliqué profondément dans la formation de la ritournelle et même son démontage, son molécularisation, sa défiguration se connectent avec un extraordinaire processus de lignes de fuite inventives, créatives.

Quentin VERGRIETE (psychologue clinicien) – Micro-écosophie : histoire d’un collectif jardinant en psychiatrie

Il s’agirait de prolonger le fil d’un premier travail de réflexion portant sur la mise en place dans un secteur de psychiatrie d’un groupe de jardinage aux méthodes inspirées par la permaculture. À travers le récit de « la commission jardin » qui a constitué comme un rejet (au sens botanique) ou plutôt un drageon du groupe initial, je chercherai à articuler quelques composantes d’une expérience institutionnelle en psychiatrie avec les concepts guattariens de la dernière période, ceux des cartographies analytiques et de l’écosophie.

Brett ZEHNER (Performance Studies, Brown University) – La production de subjectivité après l’attaque du Capitole / The Production of Subjectivity in the Wake of January 6th

 

On January 6th, 2021, a crowd of far-right insurrectionists stormed the capitol building in Washington, D.C. Over a year later, both the state and leftist organizers launched a forensic investigation into the ideological apparatus that allowed something so outrageous to occur. Thus far, the methods of these investigations have yielded few insights. The obsession of this inquiry is focused on the rioters’ motivations and placing blame on Trump himself. Yet a more interesting question arises – who currently makes up the neo-right? Indeed, it is not just the bible-banging white underclass that liberals constantly chastise for ruining their democracy. And similarly, January 6th was not only precipitated by the Proud Boys. The neo-right, the mutation beyond Trumpism in the U.S., is anything but a monolithic identity group. Everyone from suburban white housewives to coal miners, racists, and crypto bros placed Trump into office in the first place. Further, symbolic epistemological explanations fail to provide insight into the new right’s subjectivities. Strange bedfellows like Manhattan art scene influencers and Arizona Q-Anon conspiracy freaks alike have adopted irony, shit-posting, and lame transgression as a mode of political affiliation. Liberals bemoan truth value while the neo-right ramps up their campaign of a-signifying libidinal economics. So, we are left to contend with an incoherent ideological assemblage of everyone from Peter Thiel (prominent benefactor of a new crop of fascists) to longtermist planetary engineers, Silicon Valley stoics, incel gamers, suburbanites, cottage core trad wives, and libertarian rugged individuals. Sadly, the left has very few answers to this emergent counter-culture.

In this vein, I argue that we need a new analysis of the right: beyond Donald Trump as an individual, toward a more comprehensive structure of subjection. Felix Guattari knew this long before anyone else. Writing of Trump in 1989, Guattari situated Trump in a larger social ecology that allowed his subjectivity to proliferate like invasive algae, redeveloping through the destruction of social reproduction. So, in honor of Guattari +30, my essay explores an analysis of January 6th as an ongoing post-media event galvanizing the neo-right in the United States. In this endeavor, I follow Guattari’s insights from Chaosmosis. Specifically, I am interested in Guattari’s production of subjectivity which identifies two modes of power that operate in a contradictory manner. On the one hand, we face systems of social subjection. Social subjection categorizes us with assigned identities — it gives us a gender, a race, a profession — a position of symbolic representation. This is the typical analysis of far-right ideology. However, the production of an individuated subject is also coupled with a different process that proceeds through desubjection. Guattari writes that desubjection dismantles the individuated subject, consciousness, and representations, acting on both pre-personal and supra-individual levels. In desubjection, the individual is no longer instituted as an « economic subject » or a « citizen. » Instead, she is « a gear, a cog, a component in financial and various other institutional assemblages » (Guattari , cited in Lazzarato 2017, 25). In this essay, I consider the various subjectivities that make up the neo- right. I speculate that perhaps we have seen the rise of a kind of online dopamine fascism of desubjectivizing triggers, gates, and floods of behavioral impulse. Here Guattari’s concept of asignifying desubjection moves us beyond ideology and symbolism. It would be foolish to follow down the rabbit hole and assign symbolic meaning to the Q Anon narrative or the brutal functions of a cryptocurrency/crypto fascism circulating through the art world. My essay, instead, demonstrates that desubjection and a-signifying production allow us to understand and combat the enemy of the neo-right directly at the level of subjectivity production.

 

 

 

 

1 Félix Guattari, De Leros à la Borde, Clamecy, Éditions Lignes, 2012, (préface de Marie Depussé), p. 81

2 Félix Guattari, Psychanalyse et transversalité, Paris, Maspero, 1972.

3 Félix Guattari, Les trois écologies, Paris, Éditions Galilée, 1989.

4 Félix Guattari, Chaosmose, Paris, Galilée, 1992.

5 F. Guattari, « Visagéïté signifiante, visagéïté diagrammatique », dans L’inconscient machinique. Essais de schizo-analyse, Paris, Éditions Recherches, 1979, p. 79-115.

6 Félix Guattari, « Translocal: Tetsuo Kogawa interviews with Felix Guattari. Part I: October 18, 1980 », dans Gary Genosko et Jay Hetrick (ed.), Machinic Eros: Writing on Japan, Minneapolis, Univocal, 2015, p. 30-31. [Traduction libre et appuyée sur l’enregistrement de l’entrevue : https://anarchy.translocal.ip/guattari/index.html]

7 Ibid. p. 31

8 Félix Guattari et Toni Negri, Les Nouveaux espaces de liberté, Paris, Nouvelles Éditions Lignes, 2010, p. 11

9 Ibid. p. 99.

10 F.Guattari, “L’hétérogenèse machinique” dans Revue Chimères 11, pp.90-91.